LES LIBÉRAUX, VÉTÉRINAIRES INCLUS, SONT ILS LES OUBLIÉS ÉCONOMIQUES DE LA CRISE ? - La Semaine Vétérinaire n° 1866 du 11/09/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1866 du 11/09/2020

EXPRESSION

LA QUESTION EN DÉBAT

Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD

Si des aides ont bien été perçues par la profession vétérinaire, dont le chômage partiel, et qu’il y a un report des cotisations retraite ou Urssaf, les praticiens mettent en garde contre le plafond des aides et la difficulté parfois à les obtenir. Ainsi certains souffrent de pertes non encore compensées et s’inquiètent pour l’avenir…

NOUS SOMMES OUBLIÉS, ET MÊME MÉPRISÉS !

CHRISTIAN DIAZ (T 81)

Praticien canin à Balma (Haute-Garonne)

Dès le début de la crise sanitaire, les vétérinaires ont été méprisés, dans le sens où ils n’ont pas été considérés comme faisant partie des professionnels de santé, et ils n’ont donc pas été éligibles à disposer prioritairement de masques ! Depuis la parution du rapport Attali, j’ai l’impression que nous sommes considérés comme des nantis, destinés à devenir à terme une profession déréglementée. Certes, nous avons eu accès à certaines aides durant cette crise, comme le chômage partiel ou des reports de charge émanant de notre Caisse de retraite ou des Urssaf. Mais ce ne sont que des reports… Il est également à noter que certaines collectivités ont voté des aides locales supplémentaires : en Occitanie, le conseil régional a par exemple accordé une prime de 2 000 € dont a pu également bénéficier notre profession, sous conditions. Il n’empêche, globalement parlant, je pense que les vétérinaires sont parmi les oubliés de la crise, tout comme par ailleurs les sages-femmes.

JE NE M’ATTENDS PAS À DE L’AIDE SUPPLÉMENTAIRE

VALÉRIE GUIGARDET (L 94)

Fondatrice de Vetokinesis à Chalamont (Ain)

Heureusement que les vétérinaires ont eu droit au chômage partiel, mais également que mon entreprise se portait bien avant la crise, car on y laisse forcément des plumes ! Durant le confinement, j’ai donc continué à travailler seule dans ma structure, sur les cas les plus nécessaires. De surcroît, durant cette même période, nous n’avons pas pu assurer plusieurs séances de formation en physiothérapie, sur place. Donc, c’est déjà un tiers de mon chiffre d’affaires de formation qui est parti en fumée. J’ai compensé un peu ces pertes en proposant des séances à distance, mais faire payer des petits modules en ligne n’équivaut évidemment financièrement pas à des cessions au centre durant 6 jours… Personnellement, je ne m’attends cependant pas à percevoir davantage d’aide de la part du gouvernement, car il a lui-même ses limites. Du coup, c’est dans ce cadre restreint que je me projette, en espérant que les séances de formation prévues pour avril pourront bien être reportées et avoir lieu ici au cours de cet automne.

DES AIDES PLAFONNÉES, PARFOIS DURES À DÉCROCHER

RENAUD ROUSSEL (L 91)

Praticien canin à Avignon (Vaucluse)

Comme je travaille seul avec mon ASV, qui est maman, j’ai au début de la crise décidé de la payer à rester à la maison, avant les aides de l’État. Mais dès que j’ai disposé de moyens de protection corrects, nous avons repris notre activité, qui au cours de l’été est revenue à la normale. Il demeure que même en avril - mois complet de confinement -, tout s’est passé sur le fil du rasoir, alors que j’y étais presque éligible, je n’ai pu bénéficier de l’aide prévue en cas de perte de plus de 50 % de son CA. Donc, gare aux plafonds ! Même s’il y avait dans le futur d’autres aides, compte-tenu de la taille parfois conséquente des dossiers qu’il faut remplir pour y prétendre, je pense que certains libéraux qui ont de petites structures comme la mienne renonceront à faire de telles démarches. Ma crainte principale est que nous n’en soyons qu’au début de la crise économique : si en cette fin d’été, le milieu vétérinaire n’est pas encore trop touché, nous pourrons l’être par ricochet, suite à des faillites, des licenciements qui risquent à l’avenir d’affecter prioritairement d’autres secteurs.

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