ACTUALITÉS SUR LES INFECTIONS ASYMPTOMATIQUES DU TRACTUS URINAIRE - La Semaine Vétérinaire n° 1866 du 11/09/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1866 du 11/09/2020

MÉDECINE FÉLINE

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

FORMATION

Auteur(s) : TAREK BOUZOURAA

Une revue de la littérature1 s’intéresse aux infections du tractus urinaire chez le chat, et notamment les atteintes infracliniques et asymptomatiques. La classification complète regroupe désormais les infections « sporadiques », récurrentes, subcliniques, associées à la pose d’une sonde urétrale ou de matériel chirurgical (dispositif SUB2 notamment), les pyélonéphrites et les prostatites (peu applicable à l’espèce féline). Une infection urinaire est considérée comme récurrente si elle se produit plus de 3 fois dans la même année ou 2 fois sur une période de 6 mois. Une infection urinaire est compliquée si elle est accompagnée d’un défaut anatomique ou fonctionnel de l’arbre urinaire.

L’emploi des antibiotiques doit rester rigoureux

Il est toujours difficile de distinguer chez le chat des signes cliniques de cystite interstitielle (idiopathique) et de cystite infectieuse. Par ailleurs, la faible fréquence des infections urinaires chez le chat (< 2 %) invite avant tout à identifier une bactérie par le biais d’une culture bactériologique urinaire avant de traiter. Dans l’attente, un antibiotique de « première ligne » doit être prescrit afin de réduire le risque de développement d’antibio résistance (amoxicillineacide clavulanique ou triméthoprime-sulfamides).

Près d’un tiers des chats âgés atteints de bactériurie asymptomatique

Les infections urinaires infracliniques et les bactériuries asymptomatiques ne sont pas rares et méritent donc une attention grandissante. Leur prévalence varie en fonction de la population considérée : de 1 %, chez les jeunes chats sains, à presque 30 %, chez les chats âgés. L’âge moyen des chats affectés est de 14 ans. Les études évoquent un autre facteur prédisposant : le sexe, les femelles étant surreprésentées. Les chats âgés et à long pelage seraient également surreprésentés, possiblement en lien avec un défaut de toilettage et une hygiène réduite de la zone périanale, prédisposant aux infections urinaires opportunistes.

Néphropathie, diabète et hyperthyroïdie en comorbidité

Les comorbidités sont également fréquentes lors d’une infection urinaire clinique ou infraclinique. Un facteur favorisant (ou affection contemporaine) est identifié dans 75 à 87 % des cas selon les études. Les atteintes générales les plus fréquentes sont une néphropathie chronique, un diabète sucré et une hyperthyroïdie. Un facteur physique prédisposant à une infection urinaire est la réalisation d’une urétrostomie périnéale avec presque 25 % des chats opérés qui présentent une infection urinaire suite à la procédure ; jusqu’à 15 % d’entre eux connaissent plusieurs épisodes infectieux récurrents. De manière similaire, une infection urinaire est beaucoup plus fréquente lorsque des calculs urinaires sont présents et surtout chez les chats ayant subi une prise en charge chirurgicale, qu’elle soit classique ou mini-invasive (pose d’un dispositif SUB pouvant être associée à un risque infectieux allant jusqu’à 30 %). Il est intéressant de noter que les rétrovirus et les traitements immunosuppresseurs (corticoïdes et ciclosporine) n’augmentent pas le risque d’infection urinaire.

Lors de bactériurie, l’antibiothérapie n’est pas automatique

En l’absence de signe clinique et d’argument cytologique en faveur d’une inflammation urinaire, il n’est pas nécessaire de rechercher la présence d’une bactériurie chez des chats qui présentent de possibles affections prédisposantes (néphropathie, diabète sucré, urolithes, etc.). Si après une première antibiothérapie bien conduite, une bactériurie est de nouveau objectivée, la reprise d’un traitement n’est pas nécessaire. Si le chat ne présente pas de désagrément associé à son affection (absence d’azotémie progressive, absence de syndrome inflammatoire ou d’argument en faveur d’une pyélonéphrite), alors un suivi clinique et urinaire peut être proposé. Les tests bactériologiques in vitro ne prédisent pas à 100 % l’efficacité d’un antibiotique. Par exemple, une précaution est indispensable lors de l’isolement d’Enterococcus faecalis qui forme des biofilms et est intrinsèquement résistant aux céphalosporines, à la clindamycine et et à l’association triméthoprime-sulfamides. Ainsi, un laboratoire d’analyse ne devrait théoriquement pas rendre de résultats relatifs à l’activité de ces antibiotiques.

1 Dorsch R, Teichmann-Knorrn S, Lund H.S., Urinary tract infection and subclinical bacteriuria in cats : A clinical update. J Feline Med Surg., 2019 ; 21 : 1023-1038.

2 Subcutaneous ureteral bypass (dérivation pyélo-vésicale extra-urétérale, DPVE).

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