(RE)FAIRE CONNAISSANCE

La condition animale continue à alimenter le débat public. Avec le référendum d’initiative partagée, lancé début juillet par plusieurs associations de protection animale, l’idée est de dépasser le stade des promesses politiques et de faire entendre la voix des citoyens. Lesquels ne veulent plus de l’élevage des animaux à fourrure, de l’élevage intensif, de la chasse à cour… Aujourd’hui, la question n’est-elle finalement pas de savoir ce que la société est prête à accepter pour l’animal, et ce qui n’est plus supportable ? Que vont engendrer ces dynamiques ? Vers quelle société se dirige-t-on ? Le centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture avait tenté d’y répondre. Dans un document d’analyse¹ de 2016, il avait imaginé cinq scénarios prospectifs sur la place de l’animal et son rapport à l’être humain. Dans chacun peuvent se lire certains aspects de la société d’aujourd’hui. Mais ce n’est qu’en toute fin du rapport qu’apparaît un enjeu fondamental : « La conflic tua lité sera d’autant plus élevée que les principes moraux et les idéologies primeront sur la réalité vécue au contact des animaux. » Cela paraît couler de source, et pourtant, avant de parler de la condition animale, s’est-on seulement assuré que le citoyen la connaissait ? Il est évident qu’il reste encore du chemin à parcourir dans l’amélioration de la condition animale, que les experts en la matière y contribuent, chacun à leur niveau, et que trop d’inertie (et de lobbies) existe en France en la matière. Mais peut-être faudrait-il aussi en parallèle envisager un travail de pédagogie honnête pour mieux comprendre comment et pourquoi se sont construits nos rapports avec les animaux. Mieux comprendre comment et pourquoi ils se vivent aujourd’hui. Mieux comprendre l’animal. Le vétérinaire, de par ses connaissances, et son expérience sur le terrain, ne pourrait-il pas y contribuer ?

1. bit.ly/32FX4yY