RÉALISER UN LAVAGE BRONCHOALVÉOLAIRE EN AVEUGLE - La Semaine Vétérinaire n° 1865 du 04/09/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1865 du 04/09/2020

PNEUMOLOGIE

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

FORMATION

Auteur(s) : JULIEN MICHAUT-CASTRILLO

MARIO CERVONE, résident ECVIM-CA, VetAgro Sup, Lyon Article rédigé d’après des conférences présentées au congrès de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (AFVAC), 29-30 novembre 2019, à Lyon.

Le lavage broncho-alvéolaire (LBA) est un examen diagnostique lors d’affections respiratoires profondes. Il s’agit d’un acte invasif qui permet d’obtenir un échantillon de la population cellulaire présente dans les alvéoles pulmonaires, les bronches terminales et les bronchioles. Il présente une bonne sensibilité lorsqu’il est réalisé correctement et avec la bonne indication.

Sous contrôle bronchoscopique versus en aveugle

Un LBA peut se faire en aveugle ou sous contrôle visuel à l’aide d’un bronchoscope. La bronchoscopie présente l’avantage de pouvoir visualiser directement l’arbre bronchique et donc d’éventuelles lésions prolifératives, d’évaluer la congestion des muqueuses et la présence du mucus. Elle permet aussi la visualisation de la trachée et la mise en évidence d’un éventuel corps étranger. Le LBA en aveugle est une méthode plus simple, plus rapide et moins onéreuse, mais non sélective et moins informative que lorsqu’il est effectué sous bronchoscopie. Il ne permet pas notamment de mettre en évidence un collapsus trachéal, un spasme bronchique ou une masse. Cela ne semble pas être important pour le diagnostic des affections broncho-alvéolaires diffuses chez le chat, chez qui le LBA en aveugle est indiqué.

Indications et contre-indications

Un LBA étant un acte invasif, il est important qu’il soit proposé uniquement s’il présente une réelle indication. Le recueil des commémoratifs et de l’anamnèse suivi d’un examen clinique complet avec évaluation de la saturation en oxygène ainsi que d’examens complémentaires (radiographies thoraciques, bilan sanguin, coproscopie) sont un préalable indispensable. Il existe de nombreuses indications au LBA, dont une toux, qu’elle soit aiguë ou chronique, une suspicion de pneumonie ou broncho pneumonie, des radiographies mettant en évidence une opacification broncho-alvéolaire ou une dyspnée sans anomalie radiographique. Les contre-indications sont une insuffisance respiratoire ne répondant pas à l’oxygénothérapie ou une coagulopathie.

Le LBA en pratique

Le matériel à prévoir est non spécifique : une sonde urinaire ou nasogastrique souple de 7 à 10 Fr, dont l’extrémité est coupée stérilement, de manière à avoir une longueur au moins égale à la distance entre la truffe et la dernière côte ; une poche de 50 ml de NaCl 0,9 % à température ambiante ou tiédi ; un robinet trois voies et des seringues stériles ; des tubes secs et avec EDTA ; des gants stériles et un masque. Le LBA se fait sous anesthésie générale, avec ou sans relais gazeux, en décubitus sternal. La saturation en oxygène doit être contrôlée en permanence. En cas d’anesthésie fixe, une oxygénation continue en « flow-by » est indispensable. Une fois que la gueule de l’animal est maintenue ouverte, la sonde est avancée vers la trachée avec précaution pour ne toucher ni la muqueuse buccale ni le larynx afin de ne pas contaminer le prélèvement. Si l’animal est intubé, la sonde est guidée à l’intérieur du tube endotrachéal. Une fois la sonde en place, 0,5 à 2 ml de sérum physiologique sont injectés. La sonde est ensuite flushée avec 5 ml d’air puis le liquide est réaspiré en exerçant de petits mouvements de la sonde afin de récupérer le maximum de liquide. L’animal est gardé sous oxygénation au moins 10 minutes après le prélèvement en maintenant la surveillance de sa saturation en oxygène. Une légère toux est souvent observée au réveil. L’utilisation de diurétique afin d’éliminer le liquide n’ayant pas été récupéré n’est pas conseillée.

Complications

Suite à un LBA, une hypoxémie est fréquemment rencontrée, conséquence de l’inégalité entre la ventilation et la perfusion des alvéoles. Il est donc important de maintenir sous oxygène l’animal durant le LBA et au moins 10 minutes après. Les bronchospasmes peuvent être rencontrés principalement chez le chat et être antérieurs ou secondaires au LBA. Un traitement médical peut être administré : terbutaline 0,01 mg/kg par voie sous-cutanée, deux à trois fois par jour la veille de l’examen, et salbutamol inhalé juste avant l’examen. Enfin, un pneumothorax peut se produire de manière rare, plus souvent chez le chat.

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