DONNER PLUS DE RESPONSABILITES AUX ASV : MENACE OU OPPORTUNITE ? - La Semaine Vétérinaire n° 1863 du 21/08/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1863 du 21/08/2020

EXPRESSION

LA QUESTION EN DÉBAT

Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD

Chaque praticien devrait à terme être libre de choisir de déléguer ou pas certains actes à son asv. Cette évolution permettrait même à l’activité de la physiothérapie de devenir enfin rentable ! Mais que cette délégation puisse ou pas s’appliquer au domicile du client continue de diviser la profession…

À CHAQUE PRATICIEN D’EN DÉCIDER

JACQUES GUÉRIN (N88)

Président du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires

à l’issue de la réflexion toujours en cours sur la délégation des actes vétérinaires aux ASV, il reviendra à chaque praticien de réaliser un audit de sa structure, pour décider ce qu’il souhaite ou non mettre en pratique dans sa clinique. Par exemple, en physiothérapie, un ASV pourrait être chargé de réaliser certains actes vétérinaires prescrits, en restant placé sous l’autorité médicale du vétérinaire. Pourraient aussi être déléguées des tâches comme l’administration de médicaments, l’observance des traitements, le suivi hospitalier, etc. Un vétérinaire n’a pas à être pour ou contre une telle évolution par principe. Il aura en revanche à apprécier si de tels changements présentent pour lui une opportunité ou pas. Par ailleurs, en dehors du médical, il est également envisageable de déléguer d’autres tâches, en management, ressources humaines ou en gestion. Ceci devrait de plus permettre de lutter contre le turn-over important qui touche la profession des ASV.

DÉLÉGUER, POUR RENDRE LA PHYSIOTHÉRAPIE RENTABLE !

VALÉRIE GUIGARDET (L94)

Fondatrice de Vetokinesis à Chalamont (Ain)

À mon sens, il est crucial de pouvoir déléguer la physiothérapie à son ASV. Mais il reste indispensable qu’un vétérinaire encadre ces soins car il n’y a pas deux cas identiques et il faudra s’adapter en permanence au statut clinique de l’animal. Pour une rupture de ligament croisé, par exemple, le praticien peut prescrire des thérapies très ciblées : massage et laser si contractures ou douleurs, électrothérapie si amyotrophie sévère, mouvements passifs et étirements si ankylose, etc. Seul un examen minutieux pourra initier et faire évoluer ses choix. En revanche, il devrait pouvoir être autorisé à déléguer à son ASV le travail de l’animal dans l’eau ou sur une plateforme motorisée. L’ASV devra conséquemment apprendre à gérer l’animal (modifier sa position, augmenter ou abaisser l’intensité de l’exercice, etc.). Pour en être capable, l’ASV devra suivre une formation tout comme le vétérinaire avec lequel il travaille. C’est seulement ainsi que la physiothérapie pourra être aussi bien qualitative que rentable !

OUI À L’INTÉRIEUR DE LA CLINIQUE, JAMAIS AU DOMICILE !

RENAUD ROUSSEL (L91)

Praticien canin à Avignon (Vaucluse)

Je suis depuis toujours favorable à la création d’un sixième échelon et à la délégation de certains actes aux ASV : réalisation d’injections, pose d’un cathéter, aide à la gestion du chenil, etc. En revanche, je suis opposé à la réalisation d’actes chirurgicaux ou de tout type d’acte réalisé à domicile. En effet, c’est théoriquement actuellement interdit, mais il existe déjà en France quelques praticiens qui s’exonèrent de leurs charges sociales en faisant travailler des ASV sous le statut d’autoentrepreneurs ! Je crains donc que si l’on permet de déléguer des tâches à domicile, cela ne conforte beaucoup trop ce genre d’abus… Par ailleurs, je pense qu’il est tout à fait positif de confier à nos ASV d’autres responsabilités, comme la gestion des pages Internet ou Facebook. Je sais qu’il y a aussi des ASV qui font déjà de la comptabilité. De telles délégations présentent l’avantage d’éviter aux ASV d’avoir le sentiment de « tourner en rond » dans un métier devenu trop routinier, même si cela suppose naturellement de les rémunérer un peu plus…

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