« QUEL QUE SOIT LE CONTEXTE, NOUS SOMMES LÀ ! » - La Semaine Vétérinaire n° 1861 du 03/07/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1861 du 03/07/2020

ANALYSE

Auteur(s) : T. H.

CRISE OU PAS CRISE, LA PRIORITÉ DE L’ASSOCIATION VÉTOS-ENTRAIDE RESTE D’ÊTRE DISPONIBLE ET BIENVEILLANTE VIS-À-VIS DES CONFRÈRES ET CONSŒURS EN SITUATION DE MAL-ÊTRE.

Si le début de la crise du Covid-19 n’a globalement pas engendré un surplus d’appels à l’association Vétos-entraide1, le déconfinement a révélé des cas d’épuisement professionnel, explique sa présidente Joëlle Thiesset.

Comment l’association s’est-elle adaptée à la crise ?

En réalité, nous nous sommes rendu compte que notre association était déjà adaptée à la gestion de crise et aux besoins d’instantanéité des vétérinaires en situation de mal-être. Par ailleurs, la situation sanitaire a fait qu’un certain nombre de nos praticiens écoutants ont été amenés à réduire leur temps de travail, étant ainsi davantage disponibles pour l’association. L’afflux anticipé en début de crise n’est finalement pas arrivé. Nous n’avons donc rien changé à notre mode de fonctionnement, et plus que cela, nous avons eu à cœur de préserver les fondamentaux de notre association, fondés sur l’écoute empathique et le respect de l’autonomie de la personne qui demande de l’aide. Il s’agit de créer des conditions d’écoute pour qu’elle puisse se sentir libre de se livrer en toute sécurité, et qu’elle arrive à trouver par elle-même la solution la plus adaptée à son problème. Quel que soit le contexte, nous sommes là !

Depuis le début de la crise, que constatez-vous ? Comment décririez-vous son impact psychologique ?

Paradoxalement, nous n’avons pas reçu plus de demandes que d’habitude sur notre espace d’écoute2. C’est lié, selon nous, à l’évolution du profil des appelants, caractérisée par un nombre croissant de jeunes diplômés qui nous sollicitent pour des problématiques relationnelles avec leur direction, avec les propriétaires d’animaux. À cause de la crise, un certain nombre de ces vétérinaires se sont certainement retrouvés au chômage partiel, minorant de fait leurs difficultés habituelles. A contrario, les demandes repartent à la hausse depuis le déconfinement : les vétérinaires expriment leurs angoisses vis-à-vis de la réorganisation du travail, et ressortent épuisés de la gestion de crise. Par ailleurs, il y a eu un énorme afflux de messages sur notre groupe de discussion Facebook au début de la crise et lors du déconfinement.

Globalement, on ne ressent pas d’impact majeur de la crise. Je suis persuadée que notre profession a fondamentalement une grande capacité d’adaptation. Nous avons l’habitude de gérer l’imprévu, de ne pas maîtriser notre emploi du temps… Ces facteurs de risques psychosociaux, inhérents à la profession, se retrouvent dans la crise que nous vivons : c’est donc en quelque sorte “habituel” pour les vétérinaires. Ce qui n’empêche pas la souffrance ! Néanmoins, je pense que le véritable impact se mesurera sur le long cours.

Rencontrez-vous des difficultés ?

La crise n’a pas majoré les difficultés, qui restent avant tout liées au processus d’écoute. Il faut être présent pour la personne qui appelle, tout en conservant une certaine distance, et ne pas prendre pour soi la souffrance d’autrui, même si son histoire fait écho à la sienne.

Comment envisagez-vous les prochains mois ?

En étant là, encore et toujours, pour nos confrères et consœurs !

1. www.vetos-entraide.com.

2. Il est possible de contacter l’association par téléphone (09 72 22 43 44) ou par e-mail (ecouter@vetos-entraide.com).

Outre Vétos-entraide, les vétérinaires peuvent aussi joindre la plateforme SPS, pour Soins aux professionnels en santé, au 0 805 23 23 63. Accessible 24 h/24 et 7 j/7, elle met en relation avec des psychologues qualifiés.

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