« LES VÉTÉRINAIRES SONT DES ACTEURS DE PREMIER PLAN POUR CE DISPOSITIF » - La Semaine Vétérinaire n° 1860 du 26/06/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1860 du 26/06/2020

“CHATS LIBRES”

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

Auteur(s) : LORENZA RICHARD

Un rapport souligne que les vétérinaires praticiens pourraient davantage être impliqués dans le dispositif de gestion des populations de chats errants. Mais des freins financiers sont à lever.

Dans une société sensibilisée au bien-être animal, où l’euthanasie des chats errants est devenue inacceptable, le dispositif “chats libres” est mis en avant par le bureau de la protection animale de la Direction générale de l’alimentation (DGAL). Il implique une participation concrète de la profession vétérinaire. En mars 2020, des dysfonctionnements ont été pointés, notamment sur ce point, avec la publication d’un rapport1 rédigé sur demande de la DGAL, dans le cadre du master Pagers2. Entretien avec Gwenola Le Naour, de Sciences Po Lyon, qui a encadré ce travail.

Quel est le principe du dispositif “chats libres” ?

Gwenola Le Naour : En 1999, alors que les chats errants étaient capturés, mis en fourrière et souvent euthanasiés, le statut de “chat libre” (chat errant stérilisé, identifié et relâché) a été créé dans le cadre de la loi n° 99-5. Le dispositif “chats libres” instaure des campagnes de stérilisation et d’identification par les vétérinaires à travers la signature d’une convention tripartite mairie-association de protection animale (APA)-vétérinaire. Depuis le 1er janvier 2015, en application de l’arrêté du 3 avril 2014 sur le bien-être animal, ce dispositif est imposé aux municipalités. Les chats ne peuvent plus être conduits en fourrière, sauf lorsque le dispositif ne peut pas être mis en œuvre. C’est le cas notamment si les acteurs ne sont pas coordonnés ou si les APA ne sont pas déclarées.

Quelle est la place de la profession vétérinaire dans ce dispositif ?

Il ressort des entretiens qu’ils sont des acteurs de premier plan dans la gestion pratique des populations de chats errants. Leur ressenti sur le sujet est partagé, et leur sensibilisation aux problématiques de bien-être animal facilite leur intégration dans le dispositif. Ceux qui y sont impliqués communiquent auprès de leur clientèle au sujet des avantages de la stérilisation et de l’identification des chats, pour éviter notamment les abandons et la surpopulation féline. La stérilisation obligatoire des chats semblant pour certains illusoires, un confrère suggère que les vétérinaires portent le dispositif auprès des maires, en leur rappelant les aides perçues dans ce but. Cependant, l’enquête prouve qu’ils le font peu. Ceux qui s’engagent ont souvent été sollicités par un tiers, et ils ne sont pas force de proposition.

Quels sont les freins limitant l’implication de la profession ?

S’impliquer nécessite de réaliser un effort financier sur les tarifs de stérilisation appliqués. Certains y consentent sans discuter les prix, mais d’autres le refusent. Cet investissement peut également être perçu comme une perte de temps par rapport à leur activité habituelle, et donc comme une perte de revenus, en plus d’une organisation à réévaluer. Certains soulignent que leur activité doit être rentable, et que l’effort devrait être porté davantage par la collectivité. Ils souhaiteraient également que ce dispositif ne soit pas adopté par les maires en urgence, lorsqu’il est question d’insalubrité, mais que le problème soit abordé en amont, avant l’apparition des chats errants. La DGAL a pris connaissance de ce rapport.

1. Corbeau L., Cosqueric G., Dumarquez M., Illiano L., Pasquet V. Conditions de réussite et freins à la mise en œuvre du dispositif “chats libres” par les municipalités. Rapport du groupe d’étude des politiques publiques. Mars 2020:79p.

2. Master 2 politique de l’alimentation et gestion des risques sanitaires, Sciences Po Lyon-École nationale des services vétérinaires (ENSV-VetAgro Sup).

SENSIBILISER LES ÉTUDIANTS

Afin d’impliquer la profession dans le dispositif, des vétérinaires engagés ont proposé d’instaurer des modules dans la formation que dispensent les écoles vétérinaires, comprenant une participation aux actes de stérilisation dans le cadre du dispositif. Un moyen aussi d’enseigner aux élèves le bien-être animal et la condition des animaux errants afin de les sensibiliser pour la pratique.

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