« LA DÉLÉGATION NÉCESSITE UNE ÉVOLUTION DES PROFESSIONS » - La Semaine Vétérinaire n° 1860 du 26/06/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1860 du 26/06/2020

DOSSIER

Que pensez-vous de la thèse sur la délégation d’actes à l’étranger, publiée fin 2019 par Cécile Aupée ?

Jean-Philipe Corlouer (SNCHV) : C’est un travail intéressant, sans conclusion surprenante, mais qui a le mérite de chiffrer certains faits. Pour de grosses structures vétérinaires comme les centres hospitaliers vétérinaires (CHV) - qui je le rappelle sont obligées réglementairement de travailler avec un ratio imposé conséquent d’auxiliaires vétérinaires à l’échelon 5 -, nous connaissons actuellement essentiellement deux gros problèmes. D’une part, les ASV d’échelon 5 qui y travaillent ont des formations inadaptées aux besoins des CHV (en canine et en équine). Par ailleurs, légalement, il n’est pas possible actuellement de leur faire faire grand-chose…

En France, vous semblerait-il logique d’élaborer une réforme qui ne concernerait non pas l’ensemble des 14 000 auxiliaires, mais uniquement les plus qualifiées, à savoir les 6 000 d’échelons 3 à 5 ?

Oui, et il leur faudrait de toute façon acquérir une formation complémentaire, y compris pour exécuter des gestes simples de base. C’est pourquoi notre profession s’attache à identifier ces nouveaux besoins de formation, pour que les ASV soient à même de nous seconder efficacement dans l’exercice de notre profession, pour les 20 à 30 ans à venir ! À cet égard, je souhaiterais vivement que nous puissions parvenir à trouver du point de vue juridique une solution évolutive, qui permettrait au fil du temps d’intégrer de nouvelles modifications d’une manière relativement simple, et sans avoir à toujours passer par le vote d’un texte de loi (qui est une procédure extrêmement lourde à mettre en œuvre).

Êtes-vous optimiste quant à la possibilité d’avancer sur ce thème dans un avenir proche ?

Oui, car je trouve que les discussions internes à la profession qui sont en train de se dérouler à ce sujet le sont de manière plutôt constructive et intelligente, même si quelques petits points de divergence demeurent et qu’il nous reste, par ailleurs, à aborder le dossier de la formation… Je pense aussi que, si cette réforme passe, elle aura pour conséquence de changer considérablement le ratio vétérinaire/ ASV que l’on a actuellement en France. C’est aussi, selon moi, un axe de réflexion pour pallier le déficit de vétérinaires (ruraux en particulier) et pour pouvoir maintenir un maillage territorial convenable. Si ce ratio augmente - avec des ASV mieux formés et donc forcément aussi mieux payées - les structures vétérinaires pourront baisser leurs coûts de production, développer de nouveaux services, voire participer activement et financièrement à la formation. Oui, décidément, comme une partie de notre fonctionnement actuel avec nos ASV remonte à 50 ans, il y a un réel besoin d’impulser un nouveau dynamisme ! Mais nous avons tous à y réfléchir, car une telle évolution supposera aussi de repenser le métier du vétérinaire.

LA RÉFLEXION MENÉE EN FRANCE

Depuis plusieurs années, des réunions internes à la profession s’intéressent à la délégation d’actes vétérinaires aux ASV. Elles sont organisées par le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires avec le Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), l’Association vétérinaire équine française (l’Avef), la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) et le Syndicat national des centres hospitaliers vétérinaires (SNCHV).

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