UNE APPROCHE SCIENTIFIQUE DU RÉGIME BARF EST POSSIBLE - La Semaine Vétérinaire n° 1858 du 12/06/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1858 du 12/06/2020

NUTRITION

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

Auteur(s) : CHARLOTTE DEVAUX

Si faire calculer sa ration Barf précisément commence à entrer dans les mœurs, des freins subsistent en matière de sécurité sanitaire, surtout concernant la cuisson en surface.

Le biologically appropriate raw food (Barf) et le prey model sont les deux courants actuels de retour à la nature en nutrition. Leurs différences résident dans le degré de liberté qu’ils offrent à leurs adeptes pour tenter de reconstituer la proie que leur animal serait supposé chasser dans la nature (si tant est que les chihuahuas chassent…). Quand le Barf autorise légumes, huiles végétales et certains compléments comme le vinaigre de cidre, le menu du prey model comporte uniquement viande, os, abats et proies entières. Est-il possible avec ces ingrédients de composer une ration qui couvre intégralement les besoins nutritionnels d’un animal ?

Une ration sans complément ne pourra pas couvrir tous les besoins nutritionnels

Justine Rivière, ASV de formation, administratrice du groupe Facebook Nutrition canine, vers une approche nutritionnelle du Barf et fondatrice de La Cantine d’Owen, site de conseil en nutrition individualisée, explique qu’« il est impossible d’équilibrer une ration sans complémenter au moins en vitamine E et très souvent en zinc. Pour le reste, il est souvent possible de couvrir les besoins avec des ingrédients ». Moules pour apporter le manganèse et le fer, foie de veau ou d’agneau pour le cuivre, poisson pour la vitamine D, abats de bœuf pour le sélénium, levures de bière pour les vitamines B et flocons d’avoine pour le magnésium. Cependant, « il n’est pas toujours facile de faire accepter des « vilaines céréales » aux « barfeurs » », témoigne-t-elle, même si elle s’y efforce au quotidien sur son groupe Facebook de 1 400 personnes. « Les compléments sont souvent mal perçus car « non naturel », pourtant le zinc est un métal, il n’y a pas de notion de « naturel » ou non là-dedans ». Car quel sens y a-t-il pour un propriétaire à vouloir faire du « tout naturel » pour son chien, espèce non naturelle s’il en est, sédentaire et éventuellement stérilisé ? En revanche, il est toujours possible de s’appuyer sur la science qui a étudié et défini les besoins de ces animaux et de calculer des rations sur mesure à base de produits les plus naturels et sains possible.

Cru industriel broyé, une hérésie sanitaire

Côté risque sanitaire, la première étape consiste à lutter contre le cru industriel broyé qui, en plus de se prétendre complet sans apporter de preuve de la couverture des besoins nutritionnels des animaux, est une vraie bombe microbiologique. Dans la viande, les contaminations bactériennes se retrouvent en surface à la suite de l’abattage, le broyage les dissémine dans tout le produit, ce qui explique que toutes les études faites sur le cru broyé pour animaux révèlent un taux de contamination affolant, notamment en salmonelles. Ce broyé cru industriel devrait alors être cuit à cœur pour détruire les bactéries, difficile à faire avaler à un “barfeur”… Justine Rivière conseille aussi de bannir l’achat de gros conditionnements qui obligent à décongeler et à recongeler pour portionner (pratique fréquente dans le milieu du Barf et extrêmement problématique). C’est l’utilisation de produits entiers, cuits uniquement en surface en pochant ou poêlant, qui est recommandée. Pour les accros au cru, la solution alternative résidera dans le choix de produits de consommation humaine dont la qualité sanitaire est bien meilleure.

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