QUE PENSEZ-VOUS DES PROTOCOLES DE VACCINATION POST-CONFINEMENT RECOMMANDÉS ? - La Semaine Vétérinaire n° 1857 du 05/06/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1857 du 05/06/2020

EXPRESSION

LA QUESTION EN DÉBAT

Auteur(s) : PIERRE DUFOUR

Pendant le confinement, la vaccination des carnivores domestiques a été considérée comme une activité qui pouvait être différée (avis d’enseignants des écoles vétérinaires et de membres de l’Afvac, relayé par l’Ordre). En prévision du déconfinement, les experts ont émis un guide pour aborder la reprise de la vaccination des chiens et des chats1.

DES PROTOCOLES RÉFLÉCHIS

ADÈLE GROUÉ

Praticienne à Tarbes (Hautes-Pyrénées)

Je trouve que les protocoles recommandés par l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac) sont biens, réfléchis, sans être trop stricts. Les changements ne sont pas toujours faciles à expliquer, car les propriétaires peuvent être suspicieux. Concernant la primovaccination, ils se rendent quand même compte que c’est mieux pour eux : même s’il y a plus d’injections au départ, cela permet de les espacer ensuite. J’observe que, grâce à la crise du coronavirus, les propriétaires ont été sensibilisés au sujet de la vaccination et ils comprennent maintenant plus facilement son intérêt. Pendant le confinement, nous avons maintenu les rappels des primovaccinations, surtout pour les animaux d’associations de protection animale. Pour les autres, nous avons recommandé aux propriétaires de confiner leurs animaux aussi, en précisant qu’un délai d’un mois par rapport à la date de vaccination n’était pas grave et qu’au-delà nous verrions au cas par cas.

À L’AVENIR, ÊTRE MOINS STRICT SUR LES DATES DE RAPPEL

LUCAS VULIN

Praticien à Gap (Hautes-Alpes)

Nous n’avons pas du tout vacciné pendant le confinement. Même si ce n’était pas toujours l’idéal pour les animaux, car certains n’étaient pas protégés, pour nous la santé humaine était prioritaire. Les propriétaires l’ont bien compris et les confrères du coin ont joué le jeu. Je trouve que les protocoles recommandés sont assez simples, les gens nous font confiance sur le nombre d’injections et les cas sont rares où plusieurs injections sont nécessaires. Finalement, ils étaient déjà habitués à ce que nous espaçions de plus en plus les rappels. Cela me semble moins clair concernant les chats car, théoriquement, pour la primovaccination, il faudrait réaliser une deuxième injection un mois plus tard. Si nous sommes cohérents sur les explications scientifiques, avec un discours commun à la clinique, les propriétaires l’acceptent sans problème. En s’appuyant bien sûr sur les recommandations, il faudra maintenir un discours cohérent à l’avenir en étant moins strict sur les délais.

BIEN EXPLIQUER CE QUI MOTIVE UNE DEUXIÈME PRIMOVACCINATION

CAMILLE LASSERRE

Praticienne à Bordeaux (Gironde)

Je vais essayer d’appliquer au mieux les protocoles de vaccination préconisés par l’Afvac. Je pense que le plus important est de bien expliquer les raisons qui motivent une deuxième primovaccination et pourquoi il y a besoin de plus d’injections que d’habitude. Ce qui était compliqué pendant le confinement était de faire comprendre aux propriétaires pourquoi nous ne vaccinions plus leurs animaux alors que d’habitude nous étions stricts sur les délais. Nous leur avons précisé que cela était motivé par des raisons sanitaires, que c’était une directive de l’Ordre. Ce changement n’a pas été accepté par tout le monde, majoritairement pour des raisons économiques. À aucun moment nous avons minimisé l’importance de la vaccination et nous leur avons dit de rester vigilants. Je pense que l’arrêt des primovaccinations pendant le confinement a fait courir aux jeunes animaux un risque assez important. Pour le lapin, arrêter la vaccination quel que soit l’âge était très risqué, car le moustique est un vecteur et respecte peu le confinement.

1 www.bit.ly/2yIwoTk.

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