« J’ÉTAIS PERSUADÉ QUE J’ALLAIS MOURIR » - La Semaine Vétérinaire n° 1853 du 08/05/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1853 du 08/05/2020

CONTAMINATION

FAIRE FRONT AU COVID-19

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL

Hospitalisé le 14 mars après avoir été testé positif au Covid-19, Claude Gatti (A 78) a lutté pour vivre. Éprouvé mais rescapé, le vétérinaire exerçant à Ajaccio (Corse) raconte comment il a échappé au pire après un mois de combat contre la maladie.

Quels ont été vos premiers symptômes ?

Tout est allé très vite. Mi-mars, j’ai participé à une répétition de chorale. Trois jours après, un samedi soir, j’ai commencé à avoir de la toux, des myalgies et de la fièvre. J’ai traité ces symptômes comme une grippe en me disant que le lendemain j’irai mieux. Mais mon état s’est rapidement aggravé. Après un test de grippe négatif, j’ai pensé au coronavirus. J’ai fait face à des obstacles administratifs pour me faire tester. L’impréparation administrative m’a frappé. J’ai finalement été testé positif au Covid-19 et je suis rentré chez moi. Mon état s’est davantage dégradé.

Comment votre prise en charge s’est-elle déroulée ?

Un matin, pour la première fois, j’ai vu ma peau grise. Un ami rhumatologue m’a encouragé à me faire hospitaliser. Très vite, j’ai été transféré en réanimation. À ce moment-là, j’ai estimé à huit heures le temps qu’il me restait à vivre. J’étais persuadé que j’allais mourir. J’ai suivi la décomposition virtuelle de mon corps. J’ai pensé à mes enfants et à l’éventualité qu’on leur présente leur père dans une urne posée sur une étagère. Cette image m’a fait un sacré effroi. Les équipes médicales faisaient tout à la force du poignet. J’ai été plongé dans un coma artificiel pendant quelques jours. L’oxygéna teur était prêté par une entreprise privée. Un ancien moniteur, utilisé en pratique vétérinaire, a aussi permis de me sauver. À la sortie du coma, j’étais vaguement conscient et je n’étais pas certain de vivre. J’avais perdu 12 kg de muscles. À présent, je suis sorti du centre de réanimation d’Ajaccio. Ma rééducation se déroule bien mais la lutte continue. Pour le moment, je dois faire face à tous les dégâts collatéraux et à quelques souvenirs de mon passage en réanimation.

Votre cabinet vétérinaire a-t-il été fermé ?

Il aurait fallu faire une demande de suspension d’activité. Mais étant en réanimation, je n’ai pas pu mettre en place les mesures à prendre avant le délai imparti. Ma clinique a été fermée mais je ne le désirais pas. Actuellement, mon épouse et mon assistante tentent de trouver le moyen de faire une réouverture. Pendant l’hospitalisation, il faut tout de même penser aux factures, aux salaires, aux cotisations… Rien n’est simple pour les libéraux.

Que comptez-vous faire à votre sortie ?

Une semaine avant de tomber malade, j’ai pris un contrat de salariat à mi-temps dans un centre d’assistance aux animaux. J’espère le renouveler en parallèle de mon activité libérale. C’est comme une fin de carrière pour moi.

Une vague de soutien

« N’hésitez pas à laisser des mots d’encouragement en tant qu’amis, membres de la famille plus ou moins lointaine, choristes, collègues, clients ou même connaissances ayant ri à une de ses blagues/contrepèteries », peut-on lire sur la page Facebook Pour le rétablissement de Claude1, ouverte le 19 mars par la fille de Claude Gatti. Une initiative qui vise à donner régulièrement des nouvelles de l’état de santé du vétérinaire corse, hospitalisé le 14 mars après avoir été testé positif au Covid-19. L’objectif est aussi de recueillir des mots de soutien et des témoignages. Messages bienveillants et d’encouragement se succèdent sur la page du réseau social, suivie, à ce jour, par près de 900 personnes. Claude Gatti a également reçu de nombreux messages de ses confrères d’Ajaccio.

1. www.bit.ly/2yS8m82.

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