« LES EXPERTS RÉUNIS PAR MOOD ONT ÉTÉ MOBILISÉS DÈS LES PREMIERS JOURS DE L’ÉPIDÉMIE » - La Semaine Vétérinaire n° 1851 du 24/04/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1851 du 24/04/2020

FAIRE FRONT AU COVID-19

Auteur(s) : RENAUD LANCELOT

Quel est l’objectif de Mood ?

Mood porte sur la surveillance des épidémies à l’échelle internationale. Il est parti du constat que les agences de santé publique étaient confrontées à des quantités et à des variétés croissantes d’informations (big data sous toutes ses formes) et que les émergences d’épidémies avaient très souvent une origine animale ou environnementale. Mood exploite ces informations pour les détecter précocement en fournissant aux agents de santé publique des outils, des services et des conseils pratiques adaptés à leurs besoins. Nous intervenons au sein des agences de santé publique humaine ou vétérinaire pour coconstruire ces outils avec eux, depuis l’évaluation des besoins jusqu’à l’estimation de l’impact des produits sur les pratiques de surveillance et sur la santé publique elle-même. Mood repose sur un consortium de 25 partenaires situés dans 12 pays européens ainsi que sur le réseau de veille internationale Promed1 (État-Unis). Nous avons réuni des experts de disciplines variées : épidémiologistes, biologistes, infectiologues, mais aussi des modélisateurs et des bioinformaticiens qui, ensemble, définissent et rassemblent les données nécessaires, les formatent et les utilisent dans des modèles pour tester des scénarios de surveillance et de contrôle.

Comment s’articule le projet dans le contexte actuel d’épidémie de Covid-19 ?

Parmi les maladies modèles que nous avions convenu d’étudier dans le cadre de ce projet il y avait la grippe. Nous avions donc constitué un réseau d’experts de cette maladie. Dans le contexte du Covid-19, il a été mobilisé dès les premiers jours de l’épidémie en soutien à l’ECDC2, à la demande de la Commission européenne. Par exemple, les équipes de l’Inserm3 et de l’université de Bruxelles ont mis en place des modèles de transmission de ce virus, notamment grâce aux données sur le trafic aérien mondial de l’université d’Oxford et à celles portant sur la population mondiale et ses mouvements fournies par l’université de Southampton (Grande-Bretagne). D’autres réseaux ont été mobilisés en Italie et ailleurs. Mood a ainsi facilité la coordination de ces spécialistes et leur a fourni des moyens pour évaluer l’efficacité des différents scénarios de contrôle possibles, puis définir les mesures à prendre : arrêt du trafic aérien, fermeture des écoles, confinement…

Quelles sont les autres caractéristiques de ce projet ?

Il est important de ne pas baisser la garde, car l’émergence d’autres maladies pourrait aggraver la situation. D’emblée, nous avons privilégié une approche One Health pour étudier les risques d’émergences de pathogènes aussi bien d’origine animale qu’humaine. L’évaluation des besoins et la construction des produits se font conjointement entre vétérinaires et acteurs de la santé publique. En France, nous travaillions déjà avec la plateforme ESA et la cellule de veille sanitaire internationale qui surveille les maladies animales menaçant le territoire national (peste porcine africaine, fièvre aphteuse, etc.). Nous identifions les signaux, les interprétons, développons des outils de fouille de texte et de cartographie : Mood appuie ces travaux4.

1. Program for Monitoring Emerging Diseases.

2. European Centre for Disease Prevention and Control.

3. Institut national de la santé et de la recherche médicale.

4. www.bit.ly/3aY2Q1X.

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