DES PISTES POUR REPENSER LA VEILLE SANITAIRE MONDIALE - La Semaine Vétérinaire n° 1851 du 24/04/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1851 du 24/04/2020

MALADIES ÉMERGENTES

FAIRE FRONT AU COVID-19

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

L’arrivée du Covid-19 impose-t-elle de repenser nos systèmes de veille sanitaire à l’échelle mondiale ? Coordonné par le Cirad, le projet international Mood, visant à améliorer la surveillance des épidémies, se confronte dès son lancement à une mise en application.

Des chercheurs européens et nord-américains se sont associés dans le cadre du projet Mood1, qui a débuté en janvier et qui a pour objectif d’améliorer les outils et les services d’intelligence épidémique. En effet, à l’instar de l’épidémie de Covid-19 qui sévit actuellement, il existe aujourd’hui un risque accru d’émergence de nouveaux agents pathogènes et d’accélération de leur propagation au niveau mondial avec le changement climatique, l’augmentation de la mobilité animale et humaine et la croissance démographique. Or, la rapidité de leur détection et l’évaluation des risques qu’ils représentent pour la santé publique sont cruciales.

Une quantité importante de données à traiter

Pour y faire face, les agences de santé publique de chaque pays développent déjà des systèmes de veille qui s’appuient sur des sources dites “officielles”, déclarées par les services de santé publique, et des sources “non-officielles”, qui relaient les informations trouvées dans les médias, des articles scientifiques, ou encore des données de laboratoires. Ces dernières années, les systèmes qui reposent sur les sources non-officielles se sont montrés particulièrement efficaces pour repérer l’apparition de nouvelles maladies, mais ils génèrent d’immenses quantités de données à traiter. Mood a ainsi été mis en place pour détecter précocement des signaux d’émergence parmi toutes ces informations, pouvoir les prioriser et les interpréter afin d’évaluer le risque de propagation d’un nouveau pathogène.

Il devrait permettre d’offrir aux plateformes de surveillance existantes un appui méthodologique et pratique en réponse à leurs besoins. De plus, outre les données sanitaires, d’autres types de données seront incorporés pour mieux évaluer le risque de propagation d’un pathogène tels que le climat, les migrations, l’occupation des sols ou encore la déforestation. Coordonné par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), Mood réunit 25 partenaires (institutions de recherche, agences de santé publique, services vétérinaires) de 12 pays2, dont quatre organismes français : l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l’université de Montpellier, dans l’Hérault.

Ce projet prend tout son sens dans le contexte actuel. D’ailleurs, des travaux ont été menés sans attendre sur la modélisation de la transmission du Covid-19, la détection précoce des émergences et leur suivi (entretien ci-dessus). À l’issue du Mood, fin 2023, de nouveaux outils de veille, complémentaires à ceux déjà existants, et pouvant être partagés dans tous les pays, devraient avoir vu le jour.

1. MOnitoring Outbreak events for Disease surveillance in data science context : www.bit.ly/39VOw8Q.

2. France : Anses, Cirad, Inrae, Inserm, université de Montpellier ; Allemagne : Mundialis GmbH & Co KG ; Belgique : university of Antwerp, université libre de Bruxelles, katolich university of Leuven, Avia-GIS ; Espagne : Instituto de Salud Carlos III ; Italie : Fondazione Edmund Mach, Istituto superiore di Sanita, Finlande : National Institute for Health and Welfare ; Pays-Bas : Stichting OpenGeoHub ; Portugal : universidade de Lisboa, Royaume-Uni : university of Oxford, university of Southampton ; Serbie : Institute of Public Health of Serbia ; Suisse : ETH Zürich, Swiss Institute of Bioinformatics ; États-Unis : International Society for Infectious Diseases Incorporated.

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