« MERCI AUX VÉTÉRINAIRES ! »

C’est un véritable SOS lancé par l’hôpital de Montélimar qu’a reçu, le 18 mars, Christophe Hugnet, vétérinaire à La Bégude-de-Mazenc (Drôme). « Ils m’ont dit que sous 24 à 48 heures, il allait leur manquer des gants, des masques, des blouses…, témoigne-t-il. En bref, ils n’avaient plus de matériel de protection dans leur lutte contre le coronavirus. J’ai aussitôt téléphoné à l’un de mes clients qui m’avait déjà apporté une boîte de masques périmés, datant de l’épisode du H1N1, qu’un pharmacien avait jetés et qu’il avait alors récupérés ». Ce coup de fil lui permet de mettre la main sur quelque 200 masques supplémentaires, qu’il livre le soir même à l’hôpital, avec une série de matériel provenant de sa propre clinique. Soit : « des combinaisons de visite d’élevage de volaille et de porc, des surbottes, des gants en latex, des gants de fouille, des blouses de vêlage. Car jusqu’à présent, l’Agence régionale de santé ne leur avait fourni que des blouses jetables… à manches courtes ! »

Une réponse nationale à l’appel reçu

Après cette première livraison, Christophe Hugnet a supervisé, avec le soutien de la direction départementale de la protection des populations, une seconde collecte collective, au cours de laquelle les vétérinaires de la Drôme sont parvenus à réunir quelque 1 000 combinaisons, 10 000 gants, des charlottes, du gel hydroalcoolique… En parallèle, à l’échelon national, le ministère de la Santé a contacté le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (CNOV) pour lui demander « s’il était possible de lui communiquer le type de matériels d’anesthésie et de réanimation dont dispose la profession et de recenser ceux que les vétérinaires accepteraient de mettre à disposition des hôpitaux humains ». En réponse à cet appel, dès le 22 mars, la profession vétérinaire était en capacité de livrer 165 ventilateurs d’anesthésie, 841 concentrateurs d’oxygène et 215 appareils de monitorage, plus du matériel en provenance des écoles nationales vétérinaires¹.

Des apports bienvenus, après parfois des remises aux normes

Le recensement effectué par le CNOV a ensuite été transmis au ministère des Solidarités et de la Santé. La gestion pratique qui en découle se fait au niveau régional. En plus, au niveau local, des collectes de matériel consommable (masques, gants, surblouses, etc.) sont organisées en direct avec les hôpitaux et la médecine de ville. Par exemple, Yannick Pérennès, directeur général du centre hospitalier vétérinaire (CHV) Pommery, à Reims, explique que son CHV a livré quatre respirateurs au centre hospitalier universitaire de Metz-Thionville. « C’est du matériel, certes ancien, mais de marque allemande Dräger, couramment utilisé en médecine humaine. Leur ingénieur médical va pouvoir les remettre en parfait état de fonctionnement ».

« C’est émouvant, mais inquiétant »

Pour Christophe Hugnet, « les vétérinaires sont des acteurs naturels de la santé publique. C’est donc émouvant - mais aussi un peu inquiétant - que la médecine humaine ait besoin de nous ! » Et de conclure : « Il faut espérer que cette aide de notre profession ne soit importante qu’au moment de ce démarrage en cours. Et que des moyens nationaux de protection pour les soignants vont réellement leur parvenir. Il nous faut impérativement aider, protéger les médecins et leur personnel. Pour moi comme pour beaucoup d’autres confrères vétérinaires, c’est une évidence ». ?

1. Par exemple, l’action menée en ce sens par VetAgro Sup est relatée sur www.vetagro-sup.fr/la-vie-de-letablissement-pendant-lepidemie.