« LES REPRÉSENTANTS DE LA PROFESSION NE POURRONT LA DÉFENDRE QUE SI NOUS AVONS ÉTÉ IRRÉPROCHABLES » - La Semaine Vétérinaire n° 1849 du 10/04/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1849 du 10/04/2020

FAIRE FRONT AU COVID-19

Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD

IL Y AURA UN AVANT ET UN APRÈS COVID-19, ASSURE YANNICK PÉRENNÈS, DIRECTEUR GÉNÉRAL DU CENTRE HOSPITALIER VÉTÉRINAIRE POMMERY, À REIMS (MARNE), ET MEMBRE DU CONSEIL RÉGIONAL DE L’ORDRE GRAND EST. POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE ?

Vous y retrouvez-vous dans les différents avis émanant à la fois du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires, de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) et du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL) ?

Les consignes ordinales ont cherché à être au plus près des préoccupations quotidiennes des praticiens, mais notre exercice est aujourd’hui tellement diversifié qu’il est impossible à l’Ordre d’envisager tous les cas de figure et tous les cas particuliers… Cependant, en résumé, on peut dire que l’Ordre remplit son rôle en étant le garant éthique et moral de notre comportement. La DGAL remplit le sien en étant la voix de l’Administration. Le syndicat joue son rôle en faveur de la préservation des intérêts économiques, voire de la survie financière de nos établissements de soins. Chacun fait son travail au mieux dans une crise inédite dont personne ne connaît encore les limites… Dans ce cadre, forcément, certains messages peuvent apparaître contradictoires : je comprends qu’ils puissent alors renforcer le sentiment d’anxiété que nous éprouvons tous les jours dans la lutte contre cet ennemi invisible.

La situation ne nécessite-t-elle pas davantage d’éclaircissements ?

Il y aurait 1 000 ou 10 000 précisions à y apporter, compte tenu de l’étendue de nos exercices et de leurs particularités ! Mais cela est bien entendu impossible. À chaque appel téléphonique correspond une situation particulière. À chacun d’y répondre en son âme et conscience en remettant à chaque fois notre rôle d’acteur de la santé publique au cœur de la question. Quand un praticien doit répondre immédiatement à son client, il ne dispose pas systématiquement de discours tout prêt, de support ou d’expert pour le guider.

Est-ce une situation économiquement tenable, disons jusqu’à la fin avril, surtout si les structures vétérinaires ne peuvent pas bénéficier de suffisamment de mesures de soutien, chômage partiel ou autre ?

Je crains en effet que certains ne se relèvent pas de cette crise. La profession vétérinaire risque fortement d’être abusée. Il est d’ailleurs important de souligner que les représentants de la profession ne pourront la défendre que si nous avons été irréprochables dans la gestion de cette crise. À chacun d’être exemplaire. Dans un tel contexte, les affairistes de tout poil représentent un grand danger pour l’immense majorité des praticiens, qui sont consciencieux de leur devoir et honnêtes. Par exemple, indubitablement, les consignes de reporter les rappels de vaccin de l’animal de compagnie en période de confinement sont claires, nettes et précises et elles ne cherchent à être remises en cause que par ceux qui essaient de les détourner à des fins mercantiles.

Qu’est-ce que cette guerre sanitaire vous inspire d’autre ?

Je pense qu’il faut s’attendre à une crise d’une durée inédite, alors même que nos générations n’ont jamais connu les moindres restrictions dans leur vie ! Par ailleurs, elle agit aussi comme un révélateur : cette crise est en train de faire ressortir ce que nous avons de pire et de meilleur en nous.

Tout comme les deux « grandes guerres » qui auront été des accélérateurs des moyens de communication et de transport, cette « guerre sanitaire » ouvrira une nouvelle ère de la communication numérique dans le monde de la santé animale. Il y aura - pour beaucoup de choses - un avant et un après Covid-19.

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