QUELLES MESURES AVEZ-VOUS MISES EN PLACE FACE À L’ÉPIDÉMIE DE COVID-19 ? - La Semaine Vétérinaire n° 1846 du 20/03/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1846 du 20/03/2020

EXPRESSION

LA QUESTION EN DÉBAT

Auteur(s) : PIERRE PUFOUR

Alors que les mesures du gouvernement se sont durcies pour faire face à l’épidémie liée au Sars-CoV-2 et que l’Ordre national des vétérinaires a énoncé la conduite à tenir, la profession s’organise.

NOUS GÉRONS AU CAS PAR CAS

MAXIME EICHSTADT (T 16) Praticien à Marseille (Bouches-du-Rhône)

Une fois que la décision de fermer les écoles a été prise, l’inquiétude a grandi rapidement chez les propriétaires. Je suis sollicité, en tant que professionnel de santé, pour répondre à de nombreuses questions sur l’épidémie, la contamination par les animaux et la gestion de la crise sanitaire. Je leur explique que les animaux ne peuvent ni contracter ni transmettre le virus et que l’objectif est de limiter sa propagation. Les patrons nous laissent le choix de porter des gants et des masques. Nous imposons aux clients de ne plus toucher le mobilier, les poignées de porte, etc. Nous avons chacun un stylo, gardons au maximum nos distances, privilégions le paiement sans contact, régulons l’affluence en salle d’attente et prévoyons des rendez-vous. Nous n’acceptons plus les chirurgies de convenance. Pour le reste, nous gérons au cas par cas. Les propriétaires ont vraiment pris conscience qu’ils pouvaient être infectés, et reportent d’eux-mêmes les rendez-vous. Bien que, jusqu’à présent, notre activité n’ait pas diminué.

NOUS REPOUSSONS CE QUI PEUT L’ÊTRE

ALEXANDRE FEREMBACH (T 18) Praticien à Bordeaux (Gironde)

Les propriétaires m’en parlent peu, je travaille la nuit aux urgences dans un centre de référés, c’est un cas particulier. Ils semblent plus préoccupés par la santé de leurs animaux que par le coronavirus. L’Aquitaine étant une région moins touchée actuellement, cela pourrait expliquer pourquoi les gens sont moins inquiets. Ils sont plutôt stressés par la montée en escalade de ces derniers jours, mais je ne constate pas de panique. Certains sont même peu inquiets et ne font pas trop attention. À la clinique, depuis l’annonce des fermetures des écoles et des entreprises non essentielles, les patrons réorganisent le travail. Notre clinique ne fermera pas puisque nous assurons les urgences 24 h/24, nous repoussons seulement ce qui peut l’être, comme en médecine humaine. Nous allons mettre en place des consignes pour l’équipe en interne et communiquer auprès des propriétaires (précautions en salle d’attente, règles d’hygiène, etc).

C’EST LE BRANLE-BAS DE COMBAT

JULIETTE COSTET (T 16) Praticienne à Saumur (Maine-et-Loire)

Il y a une semaine, je me désinfectais juste les mains et je disais de ne pas prendre à la légère cette épidémie, aujourd’hui la situation est plus grave. Nous avons placé des affiches devant la clinique pour prévenir les gens de rentrer seuls, de patienter dehors s’ils n’ont pas de rendez-vous. Nous essayons de consulter seul ou de faire rentrer une seule personne à la fois. C’était le branle-bas de combat, tous les rendez-vous superflus ont été annulés, la gestion des salariés a été modifiée car nous sommes deux vétérinaires au lieu de trois. Tout le monde est bien conscient que nous n’avons plus le choix, il faut respecter ces règles pour éviter la contamination et la propagation du virus, les gens l’acceptent bien. Les propriétaires sont conciliants et ne critiquent pas les mesures en place. Nous ressentons plus la psychose dans les supermarchés que dans les cliniques vétérinaires. L’idée est de ralentir au mieux la contamination et la situation risque encore d’évoluer rapidement ces jours-ci.

1. Interviews réalisées le 15 mars pour des raisons de mise sous presse, soit avant les mesures de confinement annoncées par le président de la République.

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