LES REFUGES SE MOBILISENT - La Semaine Vétérinaire n° 1846 du 20/03/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1846 du 20/03/2020

PANDÉMIE

PRATIQUE CANINE FÉLINE NAC

Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON

Si la France n’observe pas (encore ?) d’abandons d’animaux en lien avec l’épidémie de Covid-19, les associations de protection animale sont sur le qui-vive et craignent de ne pouvoir assumer leur mission de soins, faute de personnel, y compris vétérinaire.

Alors que la Chine a d’abord vécu au début de l’épidémie des situations dramatiques avec des animaux de compagnie morts de faim dans les appartements où leurs propriétaires n’ont pas pu revenir, que d’autres ont été abattus pour suivre des réglementations hâtives, abandonnés à la rue, la situation s’est peu à peu stabilisée, avec la solidarité et la diffusion d’informations sur les précautions à prendre avec les animaux de compagnie. L’université de Hongkong a fait preuve de pédagogie très rapidement en diffusant une vidéo qui rappelle que le Sars-CoV-2 est à transmission interhumaine, mais qu’il faut garder avec ses animaux de compagnie des règles d’hygiène strictes, avec le lavage des mains avant et après les avoir caressés.

Prévenir plutôt que guérir de l’“abandonite”

En mars, l’Italie déplore 2 000 abandons supplémentaires de chiens, soit une augmentation de 30 %. En Belgique, le refuge de Charleroi a sonné l’alerte, ayant reçu de nombreux appels de propriétaires, inquiets pour eux et pour leurs animaux, avec une augmentation des abandons la semaine passée. En revanche, les personnes ayant réservé des animaux à l’adoption, avec un délai d’attente de 10 jours, viennent bien chercher leur animal et certains demandent à profiter de cette période difficile pour le faire : « C’est maintenant ou jamais ! ». Les adoptions se poursuivent désormais sur rendez-vous, avec un personnel réduit. Franck Goffaux, le directeur du refuge, regrette que la profession vétérinaire belge n’ait pas communiqué auprès du grand public sur le sujet. à ce jour, malgré la diffusion d’informations pédagogiques par la CityU de Hongkong, on peut s’étonner en France qu’aucune information de la profession vétérinaire n’ait été diffusée auprès des propriétaires d’animaux de compagnie.

Situation en France

En France, La Confédération nationale Défense de l’animal précise qu’ils n’ont eu « aucun retour de la part des refuges indépendants sur une augmentation du nombre d’abandons d’animaux de compagnie dans les refuges et par les fourrières, directement en lien avec l’épidémie de coronavirus. Il paraît essentiel de continuer de sensibiliser les propriétaires sur le fait que les animaux ne jouent aucun rôle dans la propagation du virus ». à la Société protectrice des animaux (SPA), entre les salariés en moins et la diminution des adoptions, cela risque d’être double peine pour les animaux et double charge pour les agents animaliers. Les refuges ont besoin d’une continuité constante des soins aux animaux. En mentionnant dans un premier communiqué du 15 mars que « les activités liées aux opérations d’accueil des animaux dans les chenils et refuges, sauf exigence impérative liée au bien-être des animaux, doivent être différées car concernant une situation de risque limité », l’Ordre et les cinq organisations professionnelles1 ont pris le risque de causer des décès prématurés et inutiles d’animaux dans les refuges, si les vétérinaires libéraux n’étaient plus appelés à s’y rendre…

Rappel au devoir de soins

« C’est comme si on les abandonnait une seconde fois », déclare notre consœur Stéphanie Verdu, vétérinaire référente de l’association, en sortant d’une réunion de crise pour organiser les soins quotidiens au millier d’animaux actuellement dans les refuges. N’ayant pas de vétérinaires salariés dans chaque refuge, elle fera appel en cas de besoin à la solidarité de ses confrères. Un second communiqué de l’Ordre a précisé, le 17 mars, que ce qui concerne « la gestion des populations à risque infectieux (refuges, fourrières, élevages) sont des actes à ne pas différer. » La continuité des soins aux animaux confinés en refuges sera bien assurée, c’est notre devoir.

1. Fédération des syndicats vétérinaires de France, Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral, Société nationale des groupements techniques vétérinaires, Association vétérinaire équine française, Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie.

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