CASTRATION DES PORCELETS : PEUT MIEUX FAIRE ! - La Semaine Vétérinaire n° 1846 du 20/03/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1846 du 20/03/2020

RÉGLEMENTATION

PRATIQUE MIXTE

Auteur(s) : TANIT HALFON

Un récent arrêté interdit d’ici fin 2021 la castration chirurgicale à vif des porcelets, tandis qu’un autre autorise l’usage d’anesthésiques locaux par les éleveurs. Une évolution réglementaire pas suffisante pour les organisations techniques vétérinaires.

Bientôt la fin de la castration à vif des porcelets. Un arrêté, en date du 24 février, interdit officiellement cette pratique. Au 1er janvier 2022, la castration devra se faire obligatoirement avec anesthésie et analgésie. Pour ce faire, un deuxième arrêté, publié le même jour, autorise les éleveurs à avoir recours à des anesthésiques locaux et à des analgésiques1. La promesse du ministre de l’Agriculture est-elle tenue ? Oui, mais…

« L’anesthésie locale ne peut être une méthode suffisante pour la prise en charge complète de la douleur, souligne Christophe Brard, le président de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV). De plus, « l’anesthésie locale sous-cutanée aide peu dans la maîtrise de la douleur chirurgicale. L’anesthésie intracordons testiculaires, quant à elle, est plus technique à réaliser et peut-être in fine plus douloureuse », ajoute-t-il. Sans oublier la difficulté du contrôle de sa mise en œuvre réelle sur le terrain. De fait, les groupements techniques vétérinaires affirment leur position et demandent « l’arrêt de la castration chirurgicale et l’élevage de mâles entiers, avec ou sans immunocastration2 », indique le président de la SNGTV.

Lever les blocages

Mais toute la difficulté sera de lever des blocages, notamment de l’aval, des industriels, de la grande distribution, mais aussi du consommateur. « Il ne sera pas forcément prêt à payer plus cher, affirme Christophe Brard. Il n’est pas certain non plus que l’immunocastration soit bien acceptée. » Des freins pourraient aussi concerner certaines filières de production, qui abattent les porcs à des âges plus avancés. « Dans certaines filières de production à vie longue, on retrouve des animaux pubères pendant la croissance, il y a plus de chances d’avoir un plus grand taux de carcasses odorantes, souligne Philippe Le Coz, président de la commission porcine à la SNGTV. Un travail est engagé pour étudier l’immunocastration et pour savoir si elle serait acceptable dans les différents cahiers des charges. » Pour passer le cap, « nous avons prévu plusieurs réunions de travail avec les acteurs de l’amont de la filière, afin d’élaborer un plan d’action que nous présenterons au ministère et aux acteurs de l’aval », précise Christophe Brard.

Des substances actives limitées

En attendant, en pratique, autoriser officiellement les éleveurs à utiliser des analgésiques et anesthésiques locaux nécessite d’en avoir à disposition et de savoir correctement s’en servir. Pour l’analgésie, seul le méloxicam dispose d’une indication pour soulager la douleur post-castration, avec un usage possible par les éleveurs. En théorie, il est déjà utilisé sur le terrain pour la castration. La procaïne est le seul anesthésique local qui bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché pour le porc. L’usage d’autres substances actives ne pourra alors se faire que dans le cadre de la cascade. Par ailleurs, comme nous l’indique la Direction générale de l’alimentation, il sera prévu que les éleveurs suivent au préalable une formation à l’anesthésie et à la prise en charge de la douleur liée à la castration. De plus, le protocole anesthésique local-analgésique utilisé devra être validé par un vétérinaire, sans oublier de l’enregistrer dans le registre d’élevage. Le vétérinaire devra aussi assurer un suivi de la mise en œuvre du protocole comprenant au moins une visite de vérification annuelle. Chaque élevage devra enfin désigner un référent bien-être animal.

1. www.bit.ly/39WvrUE, www.bit.ly/3b4MG6A.

2. Une autre voie possible aurait pu être celle de l’anesthésie gazeuse, mais cette pratique apparaît trop contraignante à mettre en œuvre sur le terrain.

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