QUE PENSEZ-VOUS DU FILM LES VÉTOS ET DE LA MÉDIATISATION DE LA PROFESSION ? - La Semaine Vétérinaire n° 1844 du 06/03/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1844 du 06/03/2020

EXPRESSION

LA QUESTION EN DÉBAT

Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD

Le film Les Vétos, sorti début janvier sur grand écran, a mis en lumière la profession vétérinaire et ses particularités en zone rurale. Une opportunité de faire connaître la profession ?

CE FILM EST UN BON REFLET DE NOTRE QUOTIDIEN

THIBAULT MAILLARD (LIÈGE 14)

Praticien mixte à dominante rurale, à Hornoy (La Somme)

Dans Les Vétos, la taille de la clinique filmée correspond à la mienne ! Je m’y suis aussi reconnu concernant le relationnel entretenu avec les clients : en rural, en effet, on s’appelle par nos prénoms et il n’est pas rare de boire le café ensemble. J’ai bien aimé également la retranscription réaliste de certains aspects du métier, comme le fait qu’il est difficile de trouver des remplaçants et qu’il nous arrive de faire beaucoup de route – et d’horaires –, ce qui provoque parfois des accidents. Le journal de L’Action agricole picarde m’a interviewé à propos de cette fiction. C’est bien, parce que je pense que cela permettra aussi aux éleveurs de se rendre davantage compte de nos conditions d’exercice.

Néanmoins, j’ai un peu peur que le film ne donne pas envie de s’orienter vers notre métier ! Entre autres, car l’on voit que la vie de famille peut parfois en prendre un coup… En revanche, je n’ai pas d’avis particulier sur la manière dont est médiatisée par ailleurs notre profession, car je regarde très peu la télévision !

IL FAIT ENTRER LE PUBLIC DANS NOS COULISSES

FLORENCE CROSNIER (N 99)

Praticien équin à Plescop (Morbihan)

Une cliente m’a invitée à participer à une séance en avant-première du film Les Vétos. Avec une consœur, nous avons ensuite échangé avec le public. C’est utile, car si ce métier fait encore rêver beaucoup de jeunes, la majorité des non-vétérinaires ne se rendent pas compte de ce qu’est réellement notre profession. Ce film a le mérite de leur montrer un peu l’envers du décor : dont l’emploi du temps chargé de la jeune vétérinaire, qu’il faut faire face à nombre d’urgences, que ce n’est pas un métier aussi rémunérateur qu’on le dit, etc. Par ailleurs, les débuts de la jeune vétérinaire étaient bien retracés : dès le départ, les propriétaires pensent qu’elle sait tout sur tout. Alors qu’elle se pose un tas de questions sur ses capacités à bien soigner et que l’aide des assistantes lui est précieuse ! Concernant la médiatisation de notre profession, il me semble que les zoos sont beaucoup mis en avant, mais je regarde peu la télé. Peut-être une série fiction sur les vétérinaires pourrait aussi bien fonctionner ?

J’ESPÈRE QUE CE FILM SUSCITERA DES VOCATIONS

ARNAUD LELIÈVRE DU BROEUILLE (A 01)

Praticien mixte à Longfossé (Pas-de-Calais)

Je pense que cela fait longtemps qu’un vétérinaire n’avait pas été mis à l’honneur dans une fiction. Je me souviens de Signes extérieurs de richesse qui, en 1983, mettait en scène un praticien canin qui gagnait beaucoup d’argent, et qui avait à subir un contrôle fiscal. Plus de 35 ans après, le film Les Vétos produit un sacré contraste ! Je trouve, par exemple, qu’il met bien en avant certains de nos problèmes actuels, dont celui de la désertification rurale ou bien encore celui du recrutement… J’espère aussi que cette fiction suscitera des vocations, puisqu’elle montre qu’il est possible de faire des rencontres, d’avoir une vie sociale, bref de vivre, et surtout de vivre bien hors des grandes villes. Même si ce retour à la ruralité était un peu romancé et enjolivé, avec des scènes tournées dans le Morvan durant la belle saison de l’été. Plus globalement, je trouve que les vétérinaires ne savent pas bien communiquer pour valoriser leur profession : on a le savoir-faire, mais pas le faire savoir !

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