VACCINER LES CHIENS ET LES CHATS EN 2020 - La Semaine Vétérinaire n° 1842 du 21/02/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1842 du 21/02/2020

DOSSIER

LES ARGUMENTS ERRONÉS, VOIRE FALLACIEUX, CONTRE LA VACCINATION DOIVENT ÊTRE COMBATTUS AVEC LES ARMES QUE LES VÉTÉRINAIRES ONT À LEUR DISPOSITION : LE CONSENTEMENT ÉCLAIRÉ ET LES BONNES PRATIQUES.

La baisse de la couverture vaccinale a déjà des conséquences tangibles dans la résurgence de certaines maladies à haute contagiosité, comme l’ont prouvé les flambées épidémiques de la parvovirose canine au Royaume-Uni et en Belgique en 2018. Et cela risque de s’aggraver, de la même façon que les cas de rougeoles graves se multiplient dans la population humaine depuis quelques années. À tel point que trois organisations européennes de vétérinaires et de laboratoires pharmaceutiques ont lancé une alerte lors de la journée mondiale de la vaccination 2019 : « L’hésitation sur la vaccination des animaux pourrait être une erreur mortelle ». Les facteurs qui sous-tendent cette défiance sont connus. Elle repose sur la double impression, confinant à l’autopersuasion, de l’inutilité des vaccins (parce que les maladies visées semblent avoir disparu, ou parce que leur prix est trop élevé par rapport aux risques encourus) et de la dangerosité des effets indésirables.

Consentement éclairé et bonnes pratiques

Le consensus actuel sur la vaccination repose pourtant sur des résultats scientifiques indiscutables, d’un fondement tel qu’il ne devrait désormais plus beaucoup varier (ce qui n’est pas si souvent le cas en médecine, il convient de le reconnaître). La profession est capable de le faire savoir et de rassurer : la banalisation de cet acte est obsolète. Il est de la responsabilité du vétérinaire de passer le temps nécessaire à chaque consultation vaccinale pour informer le propriétaire des avantages considérables de cet acte simple. Puis de lui rappeler qu’il s’agit d’un médicament à part entière, avec la possibilité inhérente d’effets imprévisibles, mais extrêmement rares. Enfin, que le praticien sait y remédier dans quasiment tous les cas.

Le vétérinaire a la compétence nécessaire pour proposer un protocole adapté à son animal : en tenant compte de la situation épidémiologique et de son état de santé, ce que le “doctor Google” ne pourra jamais lui fournir. Il convient, dans cette optique, de limiter le nombre de valences injectées et de rappels à ce qui est nécessaire tout au long de la vie de l’animal. Il est possible de privilégier l’usage de vaccins dont le résumé des caractéristiques du produit (RCP) revendique une durée d’immunité supérieure à un an et/ou proposer un dosage sérique des anticorps vaccinaux pour les plus récalcitrants (et ayant envie d’y consacrer le budget correspondant), avec les limites que cela implique. Mais sans pour autant raccourcir le protocole de primovaccination avec ses nouvelles indications (notamment l’injection après 16 semaines, le cas échéant, et le premier rappel dans un délai inférieur à un an). Il est enfin préférable de varier les régions d’administration, surtout chez le chat.

Évaluer la réalité

Les mythes reposent sur des croyances, alimentées par des peurs collectives autoentretenues. Heureusement, pour les déconstruire, un exorcisme est inutile. Ce qui tombe bien car les vétérinaires ne sont ni des prêtres ni des gourous, simplement des praticiens capables d’effectuer une piqûre de rappel intellectuel à nos clients sur la nécessité d’avoir confiance à nouveau en un rituel salvateur.

Le Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV) a créé un observatoire national de la vaccination des animaux. Il vise à répondre aux différentes attentes en consolidant des informations sur le taux de vaccination des animaux et son évolution. Par ailleurs, l’Association vétérinaire mondiale pour les animaux de compagnie (WSAVA) vient de lancer une campagne de sondage mondial auprès de ses membres, visant à évaluer la réalité du changement de comportement des propriétaires d’animaux de compagnie sur ce sujet et d’en cerner les causes.

POUR EN SAVOIR PLUS

Le Point Vétérinaire n° 390, novembre 2018, p. 21 à 50 ;

Le Point Vétérinaire n° 404, avril 2020, à venir ;

Pratique Vétérinaire Équine n° 205 , à venir ;

- Observatoire national de la vaccination, SIMV, étude 2017.

Le vétérinaire a la compétence nécessaire pour proposer un protocole adapté à chaque animal.© Marie-Alice Trochet
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr