UNE APPLICATION POUR ÉVALUER LA DOULEUR DES ÉQUIDÉS - La Semaine Vétérinaire n° 1842 du 21/02/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1842 du 21/02/2020

PAYS-BAS

PRATIQUE MIXTE

Auteur(s) : BÉNÉDICTE ITURRIA

LA FACULTÉ DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE D’UTRECHT TRAVAILLE SUR L’UTILISATION DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE POUR ÉVALUER OBJECTIVEMENT LA DOULEUR CHEZ LES CHEVAUX ET LES ÂNES. LES CHERCHEURS ONT AINSI LANCÉ L’APPLICATION POUR SMARTPHONE EQUINE PAIN AND WELFARE.

À la faculté de médecine vétérinaire d’Utrecht (Pays-Bas), l’équipe du Pr Machteld van Dierendonck et du Dr Thijs van Loon mène depuis de nombreuses années des recherches approfondies sur la douleur des équidés. Un de leurs travaux porte sur l’utilisation de l’intelligence artificielle pour évaluer objectivement la douleur chez les chevaux et les ânes. Ainsi, grâce à une campagne de financement réalisée par le Fonds des amis de la médecine vétérinaire et en collaboration avec la fondation De Paardenkamp qui vient en aide aux chevaux âgés, les chercheurs ont lancé l’application Equine Pain and Welfare (EPWA).

Le calcul d’un score de douleur

Cette application pour smartphone, disponible en anglais sur l’Apple Store et Google Play, permet au propriétaire de suivre la santé et le bien-être de son animal. Elle évalue si le cheval ou l’âne ressent de la douleur, en fonction de son langage corporel ou de ses expressions faciales. Le propriétaire devra pour cela répondre à un ensemble de questions fondées sur l’observation de l’animal telles que : durant 2 minutes, combien de fois l’animal va-t-il faire le flehmen, grincer des dents, bailler ou gémir ? S’intéresse-t-il normalement, moins ou pas du tout à son environnement ? Quelle est la fréquence des mouvements de la tête ? Comment est le tonus de la tête et le mouvement des paupières, des naseaux, des oreilles et des lèvres ?

En fonction des réponses fournies, EPWA calcule un score de douleur. Sur la base de ce résultat, l’application indique quand il est sage de faire appel à un vétérinaire. Elle permet également d’enregistrer avec précision toutes les données concernant l’animal comme la nutrition, l’entraînement, l’hébergement, les médicaments et les rendez-vous chez le vétérinaire ou le maréchal-ferrant. Elle propose aussi le PPID check pour évaluer si l’animal peut être atteint de la maladie de Cushing.

Cet outil, disponible depuis septembre 2018 et récemment perfectionné, rencontre un vif succès auprès des propriétaires, notamment pour sa facilité d’utilisation, mais aussi chez les étudiants vétérinaires et les praticiens. Le téléchargement est gratuit sur Epwa.nl où il est possible, grâce à la nouvelle rubrique “EPWA trainingsite”, de suivre une formation pour tirer le meilleur parti de l’application.

Des recherches sur la reconnaissance faciale

L’équipe d’Utrecht est en constante recherche d’amélioration de son application et espère passer à une version encore plus innovante et performante. Avec Remco Veltkamp et Albert Salah, de l’Utrecht Center for Game Research, les chercheurs de l’école vétérinaire mènent des travaux sur la reconnaissance automatique des expressions faciales - et donc de la douleur - des équidés. Thijs Van Loon explique leur démarche : « Avec l’aide du deep learning1, nous voulons commencer à développer la reconnaissance automatisée des expressions faciales chez les chevaux et les ânes. Pour cela, nous allons développer des logiciels spéciaux pour reconnaître au mieux les expressions faciales des chevaux et des ânes (avec et sans douleur). Nous le faisons avec des milliers de photos ; nous en avons déjà reçu beaucoup sur les sites web de l’EPWA, de la fondation De Paardenkamp et du Fonds des amis de la médecine vétérinaire. »

1. Le deep learning (apprentissage profond) est un type d’intelligence artificielle dérivé du machine learning (apprentissage automatique) où la machine est capable d’apprendre par elle-même, contrairement à la programmation où elle se contente d’exécuter à la lettre des règles prédéterminées.

Des travaux sont menés sur la reconnaissance automatique des expressions faciales - et donc de la douleur - pour améliorer encore l’application.© Julia_Siomuha - Istock
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