PARTICULARITÉS DE L’ASTHME ÉQUIN - La Semaine Vétérinaire n° 1841 du 14/02/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1841 du 14/02/2020

PATHOLOGIE COMPARÉE

PRATIQUE MIXTE

FORMATION

Auteur(s) : ANNE COUROUCÉ

Conférenciers

SCOTT PIRIE, The Royal dick school of veterinary studies et The Roslin institute, édimbourg (écosse) • CAROL REINERO, université du Missouri (états-Unis), François-Xavier Blanc, service de pneumologie, CHU de Nantes • CÉCILE CLERCX, université vétérinaire de Liège (Belgique).

Article rédigé d’après les conférences présentées au congrès de la Veterinary Comparative Respiratory Society (VCRS) à Caen (Calvados), du 16 au 18 septembre 2019.

Lors du congrès de la Veterinary Comparative Respiratory Society, une session entière a été consacrée à l’asthme : au modèle animal et à la maladie chez l’humain, le cheval, le chat (avec une question : l’asthme canin existe-t-il ?). Zoom sur l’asthme équin.

Une affection hétérogène

à l’inverse des souris, les chevaux peuvent développer spontanément de l’asthme. Comme l’asthme humain, celui des chevaux est une affection hétérogène avec une variabilité importante de facteurs prédisposant, tels que des facteurs génétiques, immunologiques et la sévérité de l’affection (subdivisée aujourd’hui en légère/modérée et sévère). Néanmoins, l’asthme équin a beaucoup de points communs cliniques et pathologiques avec l’asthme humain et a été récemment proposé comme un modèle adapté pour la recherche sur l’asthme, notamment non-allergique, tardif et sévère. Comme chez l’humain, l’asthme équin est caractérisé cliniquement par la présence d’une inflammation chronique des voies respiratoires, un historique de signes cliniques respiratoires qui peuvent varier en intensité en fonction du temps, une limitation du passage d’air pouvant être réversible et une hyper-réactivité des voies respiratoires. Bien que la plupart des cas légers ou modérés et sévères soient induits par l’exposition à des poussières organiques et à une quantité d’agents potentiellement allergisants et pro-inflammatoires, certains cas très sévères surviennent chez des chevaux en pâture, du fait potentiellement de l’exposition à des allergènes.

Un remodelage des voies respiratoires

D’un point de vue pathologique, l’asthme équin sévère est associé à un remodelage des voies respiratoires, à une augmentation de la quantité de mucus, à une hypertrophie des muscles lisses et à un dépôt de collagène au niveau subépithélial. Tandis que l’asthme équin sévère est caractérisé par une neutrophilie importante des voies respiratoires, la forme plus modérée peut être associée à des profils cytologiques variés incluant des neutrophiles, mais aussi des mastocytes et des éosinophiles.

Divers profils du point de vue des cytokines ont été rapportés en relation à la fois avec les asthmes modéré et sévère, confirmant l’utilisation d’un grand nombre de voies immunologiques incluant Th1, Th2, Th17 et non-T-cell mediated. Cette hétérogénéité reflète la variation dans les facteurs génétiques sous-jacents qui déterminent la susceptibilité de l’animal à la maladie et la composition relative des poussières organiques inhalées par le cheval.

La survenue assez tardive de la maladie

En plus du fait que cette affection se développe spontanément chez le cheval et des similarités clinico-pathologiques avec certains asthmes humains, il existe d’autres avantages évidents de prendre le cheval comme modèle de l’asthme humain. Cela inclut la survenue assez tardive de la maladie (comme chez l’homme), la simplicité relative de tester la fonction pulmonaire, la chronicité de la maladie (rarement atteinte avec des modèles murins), la facilité d’obtenir des prélèvements et la possibilité de disposer de volumes importants.

Plus récemment, la possibilité d’obtenir des prélèvements de tissu pulmonaire via des biopsies pulmonaires chez des chevaux debout et sédatés a été identifiée comme un élément très bénéfique pour étudier le remodelage pulmonaire associé à l’asthme.

Enfin, alors qu’il existe des discordances sur l’efficacité de nouvelles thérapeutiques issues d’études sur des rongeurs et sur l’homme, les données dérivées du cheval sont le reflet de celles issues de la recherche humaine. Le cheval est donc un modèle incontournable pour mieux comprendre l’asthme humain.

L’aspect négatif de prendre les chevaux comme modèles en comparaison avec les rongeurs est le coût et la charge de travail que cela représente.

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