VACCINER LES VACHES RÉDUIT-IL LES OMPHALITES ? - La Semaine Vétérinaire n° 1840 du 07/02/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1840 du 07/02/2020

AFFECTIONS DU VEAU

PRATIQUE MIXTE

FORMATION

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

CONFÉRENCIERS

PHILIPPE GISBERT, RESPONSABLE TECHNIQUE INFECTIOLOGIE CEVA SANTÉ ANIMALE ET ARNAUD DEBRADE, VÉTÉRINAIRE DANS L’ALLIER. Article rédigé d’après la conférence présentée lors des journées nationales des GTV, du 15 au 17 mai 2019.

Les infections du nombril (omphalites) sont une des affections majeures du veau (8 % des causes de mortalité)1. Elles désignent les abcès ombilicaux externes ou internes (omphalites sensu stricto), qui se différencient en omphalo-phlébites, en omphalo-artérites ou en omphalo-ouraquites2. Elles sont dues à des germes opportunistes se trouvant dans l’environnement3.

Un ressenti à confirmer

Pour prévenir les entérotoxémies néonatales des veaux (toxine α de Clostridium perfringens, produite par le toxinotype A), les éleveurs ont souvent recours à la vaccination des mères. Or, des vétérinaires se sont aperçus que dans les troupeaux vaccinés, l’incidence des omphalites était moindre4. C’est pourquoi, afin d’étayer scientifiquement cette constatation, les conférenciers ont mis en place une étude de terrain dans des élevages de charolaises qui connaissaient des problèmes d’omphalites depuis plusieurs années. Au total, dans les huit élevages inclus, une répartition aléatoire et à l’aveugle des femelles a été effectuée avec un lot vacciné contre les maladies clostridiennes (Coglavax ND, Ceva Santé animale) et un lot témoin (non vacciné contre les maladies clostridiennes). Le premier lot a été vacciné avec deux injections espacées de 27 à 31 jours, la deuxième injection devant être réalisée au plus tard 15 jours avant la date présumée du vêlage. Lors du suivi, une note a été attribuée à J1, J3 et J5 à chaque cas en fonction de quatre critères (grosseur de l’ombilic, douleur à la palpation, chaleur de la zone ombilicale, suppuration), puis la somme des quatre notes a été calculée. De même, le vétérinaire examinait chaque veau au moins une fois avant l’âge de 14 jours, validait la notation faite par l’éleveur et classait les veaux en trois catégories : sain (absence de signes cliniques d’omphalite ; note globale = 0), omphalite bénigne (signes cliniques d’omphalite mais ne justifiant pas d’un traitement antibiotique ; note globale de 1 ou 2) et omphalite sévère (signes cliniques d’omphalite justifiant la mise en place d’une antibiothérapie ; note globale de 3 ou température rectale supérieure à 39,5 °C associée à au moins un signe clinique d’omphalite).

Une diminution de l’incidence des omphalites

Les résultats obtenus (108 veaux issus de vaches vaccinées et 114 issus de sujets non vaccinées) montrent une différence significative sur la prévalence des omphalites en faveur des veaux issus des vaches vaccinées. Cette différence est encore plus marquée si on ne s’intéresse qu’aux omphalites sévères. Ainsi, un veau issu de mère non vaccinée a 2,85 fois plus de risque de développer une omphalite grave qu’un veau issu de mère vaccinée. Cette étude a donc permis de confirmer le ressenti du terrain selon lequel la vaccination des mères réduit significativement l’incidence des omphalites dans les troupeaux. Ainsi, la vaccination préventive des mères contre les maladies clostridiennes peut être intéressante à développer, car elle limite l’incidence des omphalites du jeune veau. De plus, elle s’inscrit pleinement dans le contexte de réduction de l’usage des antibiotiques, notamment de l’action 3 du plan ÉcoAntibio25. Toutefois, à présent, des travaux complémentaires sont nécessaires pour connaître la prévalence réelle de Clostridium spp. lors d’omphalites et déterminer si ces germes sont impliqués de la même manière dans les omphalo-phlébites, les omphalo-artérites, les omphalo-ouraquites et les omphalites strictes.

1. Pietremont J. L. Affections ombilicales du veau. Bulletin des GTV, 1994;1:25-33.

2. Bohy A., Chastant-maillard S. Traitement chirurgical des infections ombilicales chez le veau. Le point vétérinaire n° spécial « chirurgie des bovins et des petits ruminants ». 2000;31:77-81.

3. Hathaway S. C., Bullians j. A., Johnstone A. C. Et coll. A pathological and microbiological evaluation of omphalophlebitis in very young calves slaughtered in New Zealand. N. Z. Vet. J. 1993;41 (4):166-170.

4. Tzipori S. The relative importance of enteric pathogens affecting neonates of domestic animals. Adv. Vet. Sci. Comp. Med. 1985;29:103-206.

5. www.bit.ly/2s5zn49

Dans les troupeaux vaccinés de l’étude, les vétérinaires ont constaté que l’incidence des omphalites était moindre.© bluecinema - istock
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