LE CORONAVIRUS CHINOIS POURSUIT SON EXTENSION - La Semaine Vétérinaire n° 1840 du 07/02/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1840 du 07/02/2020

2019-NCOV

PRATIQUE MIXTE

ANALYSE

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

ALORS QUE DEPUIS FIN DÉCEMBRE LES AUTORITÉS CHINOISES ONT MULTIPLIÉ LES MESURES DE PRÉCAUTION ET QUE LA RECHERCHE S’ACTIVE, L’ÉPIDÉMIE DE PNEUMONIE À CORONAVIRUS (2019-NCOV) CONTINUE SA PROGRESSION.

Au 29 janvier, 132 morts et 5 974 personnes avaient été contaminées dans le monde. Un bilan encore provisoire1 de l’épidémie de pneumonies d’allure virale qui a émergé à Wuhan, dans la province de Hubei, en Chine, le 31 décembre, et qui mobilise les états.

Une origine zoonotique

Transmissible entre humains, le virus responsable a été identifié rapidement par les scientifiques chinois. Il s’agit d’un nouveau coronavirus (2019-nCoV), dont la séquence génomique se distingue des six virus de cette famille déjà connus.

Dans le cas cette maladie, le réservoir semble être un animal, car la majorité des cas initialement décrits concernaient des personnes ayant fréquenté un marché d’animaux vivants. Cependant, comme l’a indiqué l’Organisation mondiale de de la santé (OMS)2, même s’il est très proche d’un virus détecté chez une chauve-souris, l’animal à l’origine de la transmission à l’homme n’a pas encore été identifié avec certitude. Entraînant de la fièvre et des signes respiratoires, le virus poursuit sa route à travers le monde et suscite donc de vives inquiétudes.

Une vigilance continue

Cette épidémie en rappelle deux autres, aux conséquences importantes : en 2003 avec l’apparition du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) et en 2012 avec le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV) (encadré ci-contre). Toutefois, comme l’a indiqué Barbara Dufour, enseignante-chercheuse à l’école nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA), « le taux de létalité n’est pas comparable » (interview ci-contre). De plus, grâce au séquençage de son génome, des kits de diagnostic spécifiques, développés en France par le Centre national de référence des virus des infections respiratoires de l’Institut Pasteur3, sont disponibles et les autorités chinoises ont indiqué continuer à assurer une surveillance intensive, à appliquer des mesures de suivi et à mener des enquêtes épidémiologiques. Ces dernières pourraient permettre de répondre aux nombreuses questions laissées encore en suspens sur le réservoir animal, le mode de transmission de l’animal à l’homme, la persistance dans l’environnement ou encore la durée d’incubation, etc.

1. Commission nationale de la naissance et de la santé de l’enfant (CNNSE) : www.bit.ly/2RFvCNn

2. www.bit.ly/2u1WAG5

3. www./bit.ly/3aWBHg0

SRAS-COV ET MERS-COV À L’ORIGINE D’ÉPIDÉMIES HUMAINES IMPORTANTES

Le syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) est la première maladie grave et transmissible à avoir émergé au cours du XXIe siècle. L’épidémie, partie de Chine fin 2002, a éclaté au niveau mondial en 2003, faisant plus de 8 000 cas et près de 800 morts (taux de létalité global de 15 %). L’agent causal est un coronavirus Sras-CoV dont le réservoir animal a été identifié comme étant une chauve-souris insectivore. L’hôte intermédiaire qui a permis le passage du virus à l’homme est la civette palmiste masquée, animal sauvage vendu sur les marchés et consommé au sud de la Chine.

Puis, l’infection s’est vite avérée être transmise d’homme à homme par l’air, probablement par des gouttelettes de salive contaminées1. Par ailleurs, en 2012 est apparue en arabie saoudite une épidémie due au coronavirus MERS-CoV, responsable du syndrome respiratoire du Moyen-Orient. Depuis, 1 219 cas ont été diagnostiqués, provoquant 449 morts. Étant donné que des virus très proches ont été détectés chez des chauves-souris, celles-ci pourraient constituer le réservoir naturel de la maladie, mais l’hôte intermédiaire serait le dromadaire à l’origine de son introduction chez l’homme avant que la transmission interhumaine ne se fasse par le biais des sécrétions respiratoires2.

1. www.bit.ly/2REjTi3.

2. www.bit.ly/2U8fYfa.

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