« DE TELLES ÉPIDÉMIES SERONT DE PLUS EN PLUS FRÉQUENTES À L’AVENIR » - La Semaine Vétérinaire n° 1840 du 07/02/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1840 du 07/02/2020

PRATIQUE MIXTE

ANALYSE

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE

ENTRETIEN AVEC BARBARA DUFOUR, ENSEIGNANTE-CHERCHEUSE (UP MALADIES RÉGLEMENTÉES, ZOONOSES ET ÉPIDÉMIOLOGIE DE L’ENVA)

Quelle est l’origine de cette épidémie ?

Barbara dufour : À l’évidence il s’agit d’une maladie due à un coronavirus d’origine animale, elle proviendrait du marché d’animaux vivants de Wuhan (Chine). L’agent pathogène responsable est différent de celui que l’on retrouve communément dans les cas de gastro-entérites humaines, mais c’est un type de coronavirus qui circule certainement chez des animaux et qui aurait ainsi pu évoluer avant de contaminer l’homme. L’origine vient-elle d’une chauve-souris ? Nous n’en sommes pas certains pour le moment même si le plus probable est que la contamination humaine s’est faite via des animaux relais de types petits vertébrés - serait-ce des mustélidés comme pour le syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) ?

Cette maladie est-elle comparable à celle du Sras ?

Il ne s’agit plus désormais d’une véritable zoonose dans la mesure où si la maladie est née d’un contact avec les animaux, elle se propage maintenant directement par contamination interhumaine. Nous sommes donc face à une véritable épidémie. Cependant, on ne peut pas la comparer à celle liée au virus Sras, car la létalité humaine est ici heureusement bien moindre (environ 3 % pour les chiffres connus actuellement). Il y a une surmédiatisation de cette épidémie qui suscite naturellement des inquiétudes liées à sa propagation à d’autres pays. Mais il ne faut pas surinquiéter les gens. D’ailleurs nous allons être amenés à voir de plus en plus souvent de telles émergences se transformant en épidémies survenir avec l’augmentation des densités de populations animales et humaines dans des pays du Sud où les habitants sont en interactions étroites avec les animaux sauvages et domestiques. Ces conditions, associées aux déplacements de plus en plus importants des populations humaines, sont propices au passage de la barrière interespèces par les pathogènes, puis à leur diffusion.

Quelle est la conduite à tenir ?

J’insiste sur le fait qu’il faut faire confiance aux cellules de crise et aux services de santé des pays concernés. Ces derniers, qui réunissent des microbiologistes, des épidémiologistes, des sociologues et des spécialistes de la santé publique, commencent à être bien rodés et savent mieux maintenant ajuster leurs réponses au niveau de gravité de la situation.

La contamination interhumaine du virus 2019-nCoV a commencé au mois de décembre en Asie.© FangXiaNuo - istock
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