Voyage au bout de l’enfer

Mars 2004. Avec son expérience de la voile, Mireille Pandolfi (T 86), installée à Nouméa, avait beaucoup de raisons de refuser la proposition qui lui avait été faite de participer au convoyage d’un voilier en Nouvelle-Zélande. Elle ne connaissait pas bien le skipper, l’autre équipier était inexpérimenté et la météo incertaine (un cyclone rôdait). Le plaisir de passer une semaine en mer leva pourtant ses réticences. Sitôt partie, elle le regretta. Le chef de bord se révéla vite odieux et, à l’intenable tension qu’il installa, s’ajouta sa navigation hasardeuse alors que la météo se dégradait. Pour échapper au cyclone, le bateau modifia néanmoins sa route, faisant cap vers l’Australie. De manière inexplicable, la perturbation semblait les suivre. Elle ne cessa de monter en puissance jusqu’à démonter la mer avec une ampleur jamais vue. Dépassée par l’enchaînement diabolique des calamités, mise à l’épreuve physiquement autant que spirituellement par l’omnipotence des éléments, notre consœur, entre héroïsme et désespoir, n’eut pas d’autre choix que de faire face. Le bateau n’échappa au naufrage que par miracle et la vie de l’auteure en fut transfigurée. S’il lui fallut 14 ans pour oser revivre cette aventure inouïe en l’écrivant, on lui sait gré de l’avoir fait. On ne peut qu’être soufflé par l’intensité du récit, la précision vivante et non affectée des descriptions, des dialogues, la sincérité des émotions, comme par la nécessité manifeste de l’écrire et de le partager.

Colère Pacifique de Mireille Pandolfi, Jets d’encre, 15,2 x 22,9 cm, 288 pages, 22,30 €