RECRUTEMENT POST-BAC : BONNE OU MAUVAISE IDEE ? - La Semaine Vétérinaire n° 1838 du 24/01/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1838 du 24/01/2020

EXPRESSION

LA QUESTION EN DÉBAT

Auteur(s) : TANIT HALFON

À partir de 2021, une nouvelle voie de recrutement permettra d’accéder aux écoles vétérinaires directement après l’obtention du baccalauréat. Réduction de la durée des études et diversification sociale et territoriale en sont les deux principaux objectifs. Cette voie concernera un quart des effectifs des nouveaux étudiants.

« UNE CHANCE POUR LES VOCATIONS »

Cécile Boos (A 09)

Praticienne mixte à Chatenois (Vosges)

Est-ce une bonne solution ? à voir, mais je pense que c’est positif d’essayer de faire bouger les choses. J’ai toujours été persuadée que la fusion des classes préparatoires agro et véto n’avait fait qu’encourager un certain élitisme et avait dilué les vocations. Les étudiants sont majoritairement issus d’un milieu social aisé et citadin, et se dirigent plutôt vers la médecine de pointe, en délaissant la médecine généraliste de campagne. Certains peuvent choisir d’intégrer une école vétérinaire sans avoir effectué de stage préalable et sans réel projet professionnel. Pour revenir à bac + 6, je n’ai jamais compris pourquoi passer le concours véto dès la fin de la 1re année n’avait pas été proposé. Ce système prépa ne garantit de toute façon pas l’égalité des chances, vu que la réussite au concours est liée au niveau du lycée de ta classe préparatoire. Le recrutement post-bac va donner plus de chances aux gens qui ont le niveau et la vocation, mais qui hésitent à passer par cette voie. L’entretien de motivation qui est prévu me semble, en plus, indispensable pour s’assurer des capacités psychologiques des étudiants, de leur empathie : n’oublions pas que notre profession n’est pas qu’intellectuelle !

« CELA NE VA PAS CHANGER LE PROFIL DES ÉTUDIANTS »

Caroline Dabas (T 93)

Praticienne canine à Langon (Gironde)

Je ne suis pas foncièrement opposée à cette réforme, mais je pense qu’elle ne va pas changer le profil des étudiants.

L’algorithme de Parcoursup sélectionnera nécessairement des étudiants brillants, comme c’est déjà le cas avec le système des classes préparatoires. Aussi, si le but est de sélectionner des profils différents pour aller en campagne, cela ne me paraît pas pertinent. Sans oublier qu’ils ont aussi le loisir d’affiner leur projet professionnel et de changer en cours de route. De plus, ne soyons pas dupes : les élèves diront ce que le jury a envie d’entendre ! Pour réduire la durée des études, il faudrait faire évoluer toutes les voies, et pourquoi pas organiser un concours en fin de 1re année de classe préparatoire. J’estime aussi que cette sélection précoce risque de priver les jeunes d’autres possibilités de formation, en les enfermant trop tôt dans un cursus. J’ajoute également que ce projet a été décidé sans aucune concertation avec les praticiens ni avec les élus de terrain : en tant que conseillère ordinale régionale, je n’en ai jamais entendu parler !

« BONNE, MAIS IL FAUT FORMER LE JURY À LA SÉLECTION »

Dan Rosenberg (A 94)

Praticien canin à activité exclusivement référée à Créteil (Val-de-Marne)

Le cycle préparatoire intégré permet d’être cohérent avec la durée des études ailleurs en Europe. En outre, face à un recrutement de plus en plus homogène socio-économiquement, peu congruent avec la diversité de nos métiers, l’immobilisme aurait été pire que tout. Cependant, ajouter une voie de sélection supplémentaire apporte aussi son lot de complexité. Il s’agira d’être astucieux pour sélectionner des étudiants dotés de capacités analytiques et de synthèse, sans pour autant se retrouver avec les mêmes profils qu’en classes préparatoires. Un challenge pour le jury qui, je l’espère, sera formé et accompagné par la tutelle. Je suis surpris que les étudiants recrutés post-bac ne soient pas réunis sur un seul campus afin de mutualiser les coûts, sans rogner sur les objectifs de formation. Être attentif à ces objectifs est en effet crucial pour assurer par la suite un brassage harmonieux de ces étudiants avec les autres dans les ENV. Le fait que Marc Gogny ait été missionné m’apparaît comme un gage de succès, compte tenu de sa connaissance du système européen et de ses compétences pédagogiques.

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