BILAN RÉSAPATH POUR LA FILIÈRE PORCINE - La Semaine Vétérinaire n° 1838 du 24/01/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1838 du 24/01/2020

PRATIQUE MIXTE

FORMATION

Auteur(s) : TANIT HALFON

Pour l’année 2018, 3 554 antibiogrammes d’origine porcine ont été transmis au Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath), soit 6,4 % des antibiogrammes reçus (6e position). Ce nombre est en hausse de 3,7 % par rapport à l’année précédente. Les bactéries isolées sont issues de porcelets jusqu’au stade de post-sevrage (63 %) et de truies (10 %). Les verrats ne représentent que 0,2 % des antibiogrammes1. La maladie digestive est la situation la plus souvent associée à la réalisation d’un antibiogramme (42 %), suivie de l’affection respiratoire (17 %) et de la septicémie (11 %). Toutes maladies confondues, Escherichia coli est la bactérie la plus représentée, à raison de 52 % des antibiogrammes, suivis par Streptococcus suis (16 %), Actinobacillus pleuropneumoniae (5 %), Enterococcus hirae (5 %) et Pasteurella multocida (4 %).

Une résistance des E. coli en baisse

Depuis 2006, une diminution significative de la résistance d’E. coli aux antibiotiques est notée, sauf pour l’association amoxicilline-acide clavulanique, dont la résistance augmente depuis 2015, et la gentamicine (hausse légère par rapport à 2017). En 2018, la spectinomycine (ou streptomycine) atteint son niveau de résistance le plus bas depuis 2006. Après une forte baisse en 2017, les niveaux de résistance de la tétracycline et des quinolones restent stables. La résistance de l’association triméthoprime-sulfamide poursuit sa baisse, entamée en 2015. Au final, en 2018, toutes maladies et toutes catégories de suidés confondues, la proportion de sensibilité de E. coli varie entre 44 (amoxicilline) et 99 % (cefquinome). Pour les maladies digestives (porcelets, post-sevrage inclus), elle s’étend de 32 (tétracycline) à 99 % (cefquinome). Pour les affections urinaires (truies), elle se situe entre 34 (tétracycline) et 100 % (apramycine). E. coli s’avère le moins fréquemment sensible à la tétracycline, au triméthoprime et à l’association triméthoprime-sulfamides. Pour les souches Streptococcus suis, la proportion de sensibilité varie entre 24 et 100 %, ces bactéries étant peu sensibles à la tétracycline et aux macrolides-lincosamides.

De bons résultats pour les antibiotiques critiques

En 2018, les niveaux de résistance des E. coli isolées d’infections, aux céphalosporines de 3e et 4e génération2 sont inférieurs à 2 % (comme en 2017). Pour les fluoroquinolones, la proportion de souches résistantes passe en-dessous de la barre des 4 %. Pour la colistine, une augmentation de la proportion des souches sensibles est notée, un résultat qui suit les tendances de ces dix dernières années. Ces bons résultats se retrouvent aussi dans l’analyse de la multirésistance aux antibiotiques (MRA) des souches E. coli, correspondant à la résistance acquise à au moins un antibiotique dans trois familles d’antibiotiques ou plus3. Ainsi, entre 2011 et 2018, la proportion de souches MRA a significativement diminué, pour atteindre les 7,7 % (par comparaison, la proportion de souches MRA est de 15,2 % chez les bovins, de 3,3 % chez les poules et poulets et 2,9 % chez les dindes). Comparé aux bovins et aux volailles, le porc est l’animal de production présentant la proportion de souches sans aucune résistance aux cinq antibiotiques la plus faible (22,3 %).

1. La catégorie “porc” représente 37 % des antibiogrammes, mais ce libellé n’a pas la même signification pour tous les laboratoires. Il s’agit souvent de porcs à l’engraissement.

2. Les niveaux de résistances aux C3G/C4G sont analysés sur la base des données du ceftiofur (C3G) et pour E. coli.

3. La MRA est fondée sur cinq antibiotiques : le ceftiofur, la gentamicine, la tétracycline, la combinaison triméthoprime-sulfamide et l’enrofloxacine ou la marbofloxacine.

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