POUR UNE PROFESSION VÉTÉRINAIRE NON SEXISTE - La Semaine Vétérinaire n° 1837 du 17/01/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1837 du 17/01/2020

EXPRESSION

Un collectif de 50 femmes vétérinaires prend la plume pour demander une “démasculinisation” de la langue au sein de la profession vétérinaire.

À l’heure où l’on défend le système des prépas comme accès aux écoles nationales vétérinaires avec pour motif l’excellence académique de notre profession, nous nous interrogeons sur l’excellence grammaticale lorsque l’on peut lire dans la revue ordinale « Le Dr… a été élue ». Depuis le 28 février 2019, l’Académie française a voté pour la féminisation des noms de métiers, avec les arguments suivants : « Si, dans un premier temps, des femmes se sont accommodées des appellations masculines, c’est parce qu’elles avaient à cœur de marquer, dans la dénomination de leur métier, l’égalité de compétence et de mérite avec les hommes qui avait permis ce qu’elles regardaient comme une conquête ; ce constat est de moins en moins vrai, les nouvelles générations donnant souvent la préférence aux appellations qui font droit à la différence ». À l’heure de la génération Y, de la marque vétérinaire et de la e-santé, notre profession voudrait-elle passer pour plus rétrograde que l’Académie française elle-même ?

Depuis de nombreuses années, la féminisation est l’un des sujets phares de la profession. Pourtant, cette féminisation, souvent brandie en épouvantail, si elle est réelle dans les chiffres avec 52,6 % de femmes parmi les vétérinaires inscrits à l’Ordre, est encore loin d’être réelle dans les mots employés. Dans les congrès vétérinaires, le terme “conférencier” n’est jamais féminisé (on s’en sort bien avec “congressiste” qui est épicène) et dans la presse vété­rinaire, on lit encore trop souvent des termes masculins : “praticien”, “chef de rubrique”, “directeur”, etc. servant à qualifier des femmes. De même, l’emploi impropre des termes « chez l’homme » pour désigner l’espèce humaine contribue à “invisibiliser » 51 % de la population humaine.

Nous entrons en 2020, nous avons créé notre marque professionnelle et cherchons à valoriser l’image des vétérinaires. Montrons que notre profession est à la hauteur des enjeux actuels, qu’elle peut être pionnière en matière d’égalité femmes-hommes, prendre de l’avance et donner l’exemple en matière d’usage non sexiste de la langue. Si le plus grand quotidien régional de France, Ouest-France, s’est muni d’une charte de féminisation des ter­mes, faisons de même dans notre presse professionnelle, créons une commission égalité femmes-hommes au sein de notre Ordre professionnel, soyons une profession féminisée et avant-gardiste sur tous ces sujets de demain, car si tout le monde connaît le slogan “The future is female”, qui orne les t-shirts tendances, il serait temps de le décliner par “Vetfuture is female as well”.

LA COMMUNICATION NON SEXISTE EN PRATIQUE

Le Conseil de l’Europe a adopté, en 2008, une recommandation visant « l’élimination du sexisme dans le langage et la promotion d’un langage reflétant le principe d’égalité entre les femmes et les hommes ». En 2015, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes a publié un Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe qui propose les recommandations suivantes :

→ éliminer toute expression sexiste,

→ accorder les noms de métier, titres, grades et fonctions,

→ user du féminin et du masculin dans les messages adressés à tous et toutes,

→ utiliser l’ordre alphabétique, lors d’une énumération,

→ présenter intégralement l’identité des femmes et des hommes,

→ ne pas réserver aux femmes les questions sur la vie personnelle,

→ parler “des femmes” plutôt que de “la femme” et des “droits humains” plutôt que des “droits de l’homme”,

→ diversifier les représentations des femmes et des hommes et veiller à équilibrer leur nombre sur les images.

Par les doctoresses vétérinaires :

Marion Boidot, Marie Bonnefont, Adeline Bret, Diane Broussou, Ludmilla Butzbach, Gwendoline Chaix, Delphine Chapuis, Charlotte Clergeau, Laurence Crenn, Caroline Dabas, Marion Debin, Julie Deleurence, Caroline de Muizon, Charlotte Devaux, Stéphanie Duong, Audrey Durand, Jessica Eble, Cécile Enault, Caroline Esteves, Anne-Claire Gagnon, Camille Gassmann, Cécile Gérardy, Lucie Germanique, Pauline Gomel, Zoé Greiveldinger, Mathilde Guillon, Bénédicte Hivin, Servane Hochet, Anne-Laure Houset, Gaelle Hue, Ada Jacobsen, Anaïs Jan, Émilie Jolivet, Hélène Joly, Marion Jourdan, Amélie Kpadé, Lucille Lambinet, Sophie Latapie, Clémentine Le Bescond, Laudine Lequet, France Michel, Marie Moinet, Anne-Cécile Morin, Catherine Noels, Mayelle Quénée, Élodie Sanroman, Maria Simondon, Violette Spirkovitch, Juliette Tirat et Émilie Tran-Dac.

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