Un vétérinaire wallon au service de la commune et des animaux - La Semaine Vétérinaire n° 1836 du 10/01/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1836 du 10/01/2020

BELGIQUE

ACTU

Auteur(s) : LORENZA RICHARD 

Depuis le 1 er novembre, Liège s’est adjoint les services d’un vétérinaire communal, avec pour mission principale la protection animale.

Philippe Schutters est le premier vétérinaire communal de Liège, en Belgique. Depuis le 1er novembre, il assure les missions qui lui ont été confiées sur la zone du Grand Liège. Il a répondu à l’appel d’offres lancé par l’échevinat bien-être animal de la ville, qui a souhaité, en plus des missions habituelles de police sanitaire des vétérinaires communaux, réserver un service aux problématiques de protection animale sur son territoire, en conformité avec le nouveau Code wallon du bien-être des animaux1, entré en vigueur le 1er janvier 2019. Il n’a pas été choisi par hasard : il est coordinateur de l’Animal Rescue Team, une équipe de pompiers spécialisés dans le sauvetage animalier, et dispose de connaissances en hygiène alimentaire. « Je suis indépendant, même si je ne travaille plus en cabinet, ni pour les animaux de particuliers, et je dois être prêt à intervenir 24 h/24 », déclare notre confrère. Philippe Schutters gère notamment les animaux errants ou blessés, domestiques et sauvages, et les amène en centre de soins.

Protéger les animaux

Il intervient aussi en cas de détention illégale, maltraitance ou négligence. « Je récupère les reptiles saisis, soit par décision du bourgmestre lorsque leur propriétaire ne remplit pas les obligations légales pour leur détention, soit par voie judiciaire pour les serpents détenus par des trafiquants de stupéfiants pour protéger leur plantation de cannabis ». Il mène aussi des missions en abattoir, notamment concernant le respect de l’étourdissement avant tout abattage, même rituel, comme l’oblige la réglementation régionale. Il joue enfin un rôle dans la communication et l’information de la population, en tant qu’expert, lors de conflits liés à un animal ou de risque sanitaire.

Durant ses interventions, il se déplace en équipe, avec une auxiliaire vétérinaire, un inspecteur de refuge chargé de la protection animale, ainsi que la police. « Cela permet de respecter la législation, et c’est spécifique à la ville de Liège », précise-t-il. Dans ce cadre, il a un pouvoir de police administrative, une première en Belgique pour un vétérinaire communal. En clair, il est autorisé à rédiger un procès-verbal qui peut amener à une sanction financière. La police est, quant à elle, responsable de la partie judiciaire. « Il faut un certain courage politique pour amener à une saisie, par exemple, et mon poste est clairement lié à la volonté de la ville de faire changer les choses en faveur des animaux. »

Une spécificité wallone

En Wallonie, d’autres communes disposent de vétérinaires dits communaux, mais leur nombre n’est pas connu et leurs statuts sont très différents. Certains sont salariés, parfois à temps partiel, ou chargés de missions et payés à l’acte par la commune ou un particulier selon l’expertise demandée. D’autres encore répondent à des offres ciblées des communes, comme la gestion des chats errants, par exemple. Dans tous les cas, ils n’ont aucune capacité en police administrative. Le statut de Philippe Schutters pourrait servir d’exemple à ces autres communes. Au fil des années, les missions des vétérinaires communaux ont beaucoup évolué. En outre, en parallèle, un réseau de vétérinaires référents en environnement a été créé. 18 vétérinaires seront, de plus, certifiés par un diplôme universitaire en sécurité civile en juin 2020 pour le maillage du territoire en interventions d’urgence. Ils ne seront pas des vétérinaires communaux et leur désignation par le gouvernement est en attente.

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UN EXEMPLE À SUIVRE ?

Pour Jacques Guérin, président du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires, il existe, en France, quelques similitudes de missions avec le vétérinaire communal, notamment chez les vétérinaires pompiers ou dans le cadre de l’habilitation au mandat sanitaire des vétérinaires ruraux ou du mandatement en bien-être animal. Cependant, elles ne sont pas superposables. Dans certaines régions où le modèle d’économie de marché ne motive plus les praticiens à s’installer, l’État aurait intérêt à confier des missions de ce type à titre libéral à des vétérinaires. Cela fait d’ailleurs partie des réflexions soulevées dans la feuille de route sur le maillage vétérinaire.
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