Quelle utilisation des objets connectés en pratique ? - La Semaine Vétérinaire n° 1836 du 10/01/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1836 du 10/01/2020

FORUM

@... VOUS !

DES INFORMATIONS PAS TOUJOURS UTILES ET PERTINENTES

Ce qui me fait peur avec les objets connectés, c’est la démarche parfois exagérée de certains propriétaires qui veulent savoir tout le temps comment va leur animal, et avoir un maximum d’informations sur lui. Cela révèle un besoin de contrôle et cela peut être une source de stress pour eux, et certains fabricants d’objets connectés peuvent surfer là-dessus. Ces informations ne sont pas forcément toujours utiles et pertinentes ; pour la plupart, les propriétaires n’en ont pas réellement besoin, surtout lorsqu’il est parfois difficile de les motiver à engager des frais pour des soins vétérinaires. Mais certains objets peuvent avoir une utilité. Par exemple, les gamelles pour chats, les caméras pour observer les animaux quand ils ont des problèmes comportementaux ou ceux qui servent au suivi du diabète, etc. Dans un cadre médical, sur prescription, cela peut être intéressant, avec une lecture et une interprétation des données par un vétérinaire qui a du recul sur ces informations.

L’INTÉRÊT MAJEUR EST L’ÉCHANGE DES DONNÉES

Peu de produits spécifiques vétérinaires sont disponibles ; il existe une coque de téléphone pour réaliser des électrocardiogrammes, un otoscope branché sur le téléphone, qui peuvent être intéressants. Je trouve que l’intérêt majeur est de pouvoir échanger des données lors de transferts de cas. En médecine de troupeau, cela devient beaucoup plus intéressant, avec les données collectées par le robot de traite, par exemple. J’entends souvent des clients se dire satisfaits de la trappe à chat ou de la gamelle qui contrôle l’alimentation. Certains objets sont utiles pour eux au quotidien. La difficulté reste d’évaluer leur fiabilité. Malgré l’attrait de la nouveauté, je suis toujours un peu déçu de leur conception et par leur utilisation en tant que vétérinaire. Dans le cadre de la télémédecine, il faudrait que ces objets soient à disposition des clients, ce qui me paraît compliqué. J’en utilise peu, ce sont encore beaucoup de gadgets avec une minorité vraiment très intéressante.

L’ANIMAL DOIT ÊTRE VU DANS SON ENSEMBLE

Nous utilisons des caméras connectées dans le chenil pour observer les animaux à distance. De plus en plus de données sur les cas sont disponibles à toute heure sur nos téléphones et je trouve que cela rend difficile la coupure avec le travail. À titre personnel, j’utilise une caméra pour surveiller mon chien en mon absence afin d’éviter les conflits de voisinage. Pour l’instant, je trouve que les objets connectés sont plus utiles aux propriétaires dans la gestion de leur animal au quotidien (litière, GPS, chatière) qu’aux vétérinaires. Du côté des propriétaires, il faut faire attention à ne pas tomber dans l’excès de recherche d’informations et dans la surinterprétation de données qui n’auront pas forcément de sens médical. Je ne pense pas que les objets connectés vont révolutionner la pratique de la médecine, car un animal est bien plus compliqué que la mesure d’un ou plusieurs paramètres biologiques et doit être vu dans son ensemble.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr