Bilan Résapath pour les filières avicoles - La Semaine Vétérinaire n° 1836 du 10/01/2020
La Semaine Vétérinaire n° 1836 du 10/01/2020

SYNTHÈSE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : TANIT HALFON  

Pour l’année 2018, 11 692 antibiogrammes d’origine avicole ont été transmis au Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath), soit 21,1 % des antibiogrammes reçus (3e position). Ce nombre est en baisse de 12 % par rapport à l’année précédente. Les bactéries isolées proviennent majoritairement des poulets et des poules (63 %), suivis des dindes (16 %) et des canards (15 %). La septicémie est la situation la plus souvent associée à la réalisation d’un antibiogramme (77 %), suivie de l’arthrite (8 %) et d’une maladie respiratoire (6 %).

Toutes affections confondues, Escherichia coli est la bactérie la plus représentée, à raison de 85 % des antibiogrammes chez les poules et poulets, 69 % chez les dindes, 66 % chez les canards et 82 % chez les pintades. Les autres bactéries fréquemment isolées sont Staphylococcus aureus (3,8 %), Enterococcus cecorum (3,1 %), Ornithobacterium rhinotracheale (3,2 %) et Riemerella anatipestifer (2 %).

Une résistance des E. coli en baisse

En filière poules et poulets, une diminution significative de la résistance de E. coli aux antibiotiques est notée depuis 2006, sauf pour les quinolones (stable) et la gentamicine (baisse depuis 2015). En 2018, la spectinomycine (ou streptomycine) connaît la plus forte baisse (- 5 %). Mais ce sont la gentamicine, la tétracycline et l’amoxicilline qui atteignent en 2018 leur niveau de résistance le plus bas depuis 2006. En filière dindes, la tendance est la même, excepté aussi pour la gentamicine (stable). En 2018, la spectimomycine affiche son niveau de résistance le plus faible, en revanche, les résistances aux quinolones, à la tétracycline et à l’association amoxicilline-acide clavulanique augmentent légèrement. Au final, en 2018, toutes maladies confondues, la proportion de sensibilité de E. coli varie entre 60 (doxycycline) et 99 % pour les poules et poulets, 48 (ampicilline) et 100 % pour les dindes, 45 (doxycycline) et 100 % pour les canards, et 39 (tétracycline) et 99 % pour les pintades. Cette proportion est la plus basse pour la tétracycline, à raison de 62 % des antibiogrammes chez les poules et poulets, 58 % chez les dindes, 48 % chez les canards et 39 % chez les pintades. Malgré tout, en filière avicole, la baisse globale de la résistance à la tétracycline constitue le phénomène le plus marquant des résultats du Résapath au cours de ces 10 dernières années.

De bons résultats pour les antibiotiques critiques

En 2018, les niveaux de résistance des E. coli isolées d’infections aux céphalosporines de 3e et 4e générations1 sont inférieurs à 2 % (comme en 2017). Pour les fluoroquinolones, les proportions de résistance varient entre 4 (dindes) et 6 % (poules et poulets). Pour la colistine, une augmentation marquée de la proportion des souches sensibles est notée, une hausse qui suit les tendances de ces dix dernières années. Ces bons résultats se retrouvent aussi dans l’analyse de la multirésistance aux antibiotiques (MRA) des souches E. coli, correspondant à la résistance acquise à au moins un antibiotique dans trois familles d’antibiotiques ou plus2. Ainsi, entre 2011 et 2018, la proportion de souches MRA a significativement diminué, pour atteindre 3,3 % chez les poules et poulets et 2,9 % chez les dindes, ce qui s’avère les pourcentages les plus faibles pour les animaux de production (en comparaison, la proportion de souches MRA est de 15,2 % chez les bovins et de 7,7 % chez les porcs). De plus, environ une souche sur deux ne présente aucune résistance aux cinq antibiotiques (53,7 % chez les poules et poulets et 52,6 % chez les dindes). À noter que les souches résistantes au ceftiofur ont plus fréquemment une résistance associée à la tétracycline pour les poules et poulets.

1 Les niveaux de résistances aux C3G/C4G sont analysés sur la base des données du ceftiofur (C3G) et pour E. coli.

2 La MRA repose sur cinq antibiotiques : le ceftiofur, la gentamicine, la tétracycline, la combinaison triméthoprime-sulfamide et l’enrofloxacine ou la marbofloxacine.

Pour consulter le bilan : bit.ly/36RpOFp.

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