Un an après la loi Égalim, avez-vous vu des améliorations ? - La Semaine Vétérinaire n° 1834 du 13/12/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1834 du 13/12/2019

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@... VOUS !

Auteur(s) :  CHANTAL BÉRAUD 

LE SYSTÈME GLOBAL CONTINUE DE DYSFONCTIONNER

Le prix du lait, issu de vaches ou de chèvres semble être légèrement remonté, à un niveau plus correct… Mais les seuls agriculteurs qui s’en sortent vraiment sont ceux qui s’affranchissent de la grande distribution, en proposant, par exemple, de la vente directe sur les marchés. De plus, le système de libre-échange international dans lequel nous évoluons pénalise nos agriculteurs : on leur demande de faire de la qualité, tout en autorisant l’entrée en France de produits concurrents qui ne répondent pas au même niveau de normes et qui, par conséquent, sont moins chers. Cette loi Egalim va donc dans le bon sens, mais elle est un peu inefficace, car elle s’inscrit dans un contexte global qui dysfonctionne. En général, nos agriculteurs brassent beaucoup d’argent, mais sans pouvoir en garder suffisamment pour eux. Résultat : dans ma région, où j’exerce depuis 25 ans, j’ai de moins en moins de clients en rural. Et donc, je travaille désormais en canine à hauteur de 80 % ! On a l’impression de vivre dans un monde un peu fou, avec nos campagnes qui continuent malheureusement à se vider.


JÉROME LEGRIS

MES ÉLEVEURS N’EN ONT PAS VU LA COULEUR !

Je n’ai pas constaté d’impact sur mon secteur, à dominante charolaise. L’état des lieux est dramatique : aujourd’hui, même des éleveurs passionnés sachant très bien travailler touchent des revenus bien moindres qu’autrefois. Et beaucoup d’autres producteurs n’y arrivent plus du tout… Car le prix de vente du kilo de viande est nettement insuffisant. Nos éleveurs sont, en plus, déjà durement impactés par le changement climatique : ici, nous avons connu une période de sécheresse qui a duré jusqu’à fin septembre, pour le deuxième été consécutif. Il faudrait pourtant que ces mêmes éleveurs parviennent à devenir davantage autonomes en matière de production de fourrages et de protéines… La situation est donc très compliquée. Aujourd’hui, quand je rends visite à mes clients en rural, ils ne me parlent pas trop de cette loi Égalim. Car leurs conditions de vie continuent à se dégrader, en particulier depuis ces cinq dernières années. Et donc, beaucoup sont démotivés, désabusés… Je pense qu’outre du broutard il faudrait qu’ils puissent vendre de la génisse ou de la viande grasse, mais en parvenant à éviter cette chaîne d’intermédiaires infernale, qui prélève tous les bénéfices sans rétribuer assez le producteur de base.

EDWIGE BORNOT

LA LOI DEVRAIT PORTER SES FRUITS DÈS 2020

Entre décembre 2019 et février 2020 vont se dérouler les négociations pour fixer les prix d’achat de toutes les productions agricoles, entre les diverses parties concernées. Car dans cette chaîne aux nombreux intermédiaires, on a fini par oublier le paysan. À tel point qu’aujourd’hui certains d’entre eux vendent à marge nulle ou même à marge négative ! Conséquemment, 2020 sera la première année où l’on verra s’il se produit ou pas des impacts bénéfiques sur leurs revenus. Globalement, la grande distribution a annoncé qu’elle respecterait l’esprit de la loi. Par ailleurs, cette année, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a réalisé 3 500 contrôles, avec déjà 438 verbalisations à la clé. Il reste encore plus de 3 000 contrôles à venir… Cependant, il est vrai que certains acteurs ont menacé de ne pas vouloir jouer le jeu. L’autre problème, c’est que les filières agricoles n’étaient pas toutes bien structurées pour fixer leurs coûts de production. Il faut donc rester vigilant. Enfin, le ministre de l’Agriculture a lui aussi averti que si la loi n’était pas suffisamment respectée, c’est une autre loi, encore plus coercitive, qui sera votée !


LOÏC DOMBREVAL
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