Phytothérapie : attention aux mésusages - La Semaine Vétérinaire n° 1833 du 06/12/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1833 du 06/12/2019

MÉDECINE COMPLÉMENTAIRE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : MARINA CHAILLAUD  

Bien que d’accès aisé aux particuliers, la phytothérapie n’en demeure pas moins une médecine pour laquelle une utilisation avisée est requise.

Face à l’engouement du public et à l’augmentation des produits disponibles en vente libre, l’équipe de NeoCare (néonatalogie des carnivores, reproduction et élevage, ENVT) a abordé la place de la phytothérapie en médecine vétérinaire lors d’une conférence, le 11 juin, à Toulouse (Haute-Garonne).

« Naturel n’est pas synonyme d’inoffensif. Le cannabis, l’absinthe, le pavot sont des plantes naturelles… », a mis en garde Jean-Philippe Jaeg, maître de conférences en toxicopharmacologie. En phytothérapie, la sécurité d’utilisation n’est pas garantie, car peu d’études et encore moins d’autorisations de mise sur le marché (AMM) existent. Le devenir de ces substances dans l’organisme, a fortiori animal, est méconnu.

Des limites réglementaires

La pharmacopée européenne liste les plantes médicinales utilisables et 15 huiles essentielles font partie du monopole du pharmacien (exemple : l’absinthe). En théorie, « la phytothérapie reste encadrée par la loi, car c’est un médicament réglementé comme les autres, rappelle Jean-Philippe Jaeg, mais tout repose sur la présentation ». En omettant d’être précis dans celle-ci, un laboratoire peut mettre sur le marché un produit classé comme complément alimentaire, biocide ou cosmétique, ce qui lui évite d’investir dans une AMM. Isabelle Lussot-Kervern, coordinatrice du REPAAS1, recommande ainsi de bien lire les étiquettes et de se renseigner au mieux sur les origines des plantes, de se méfier des mélanges et des compositions non explicites. « Si la clientèle est en demande, le droit et la réglementation ont du retard et le cadre actuel ne permet pas de favoriser ces produits en respectant la sécurité de l’animal, du propriétaire et de l’environnement », souligne Jean-Philippe Jaeg.

1Réseau de phyto-aromathérapie de l’Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie (Afvac), de l’Association vétérinaire équine française (Avef) et de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV).

QUELQUES CONSEILS POUR DÉBUTER

Appareil locomoteur
Harpagophytum procumbens, dosé à 1,2 % d’harpagoside, est la plante la plus utilisée contre les douleurs articulaires pour ses vertus antalgiques et anti-inflammatoires. Par extrapolation, la posologie est de 0,5 à 0,6 g/kg chez le chien. Boswellia serrata produit des effets bénéfiques sur l’immunité et a des propriétés anti-inflammatoires. La dose efficace serait de 400 mg/10 kg de chien, une fois par jour, pendant 6 semaines.

Syndrome coryza
En inhalations chez le chat, l’échinacée (Echinacea purpurea) stimule l’immunité, possède des propriétés antivirales, antibactériennes et antifongiques. La réglisse (Glycyrrhiza glabra) a une action antivirale et anti-inflammatoire, comme le surreau (Sambucus nigra), le ravintsara (Cinnamomum camphora) et l’arbre à thé (Melaleuca alternifolia).

Dermatologie
Il est possible d’appliquer des d’huiles essentielles de lavande aspic ou d’arbre à thé, diluées (concentration 1 à 5 % maximum) dans des huiles végétales (d’argan, d’amande douce, d’olive, par exemple), sur les peaux allergiques.
Source : conférence d’Isabelle Lussot-Kevern.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr