ISPV : renouer le dialogue avec l’administration centrale - La Semaine Vétérinaire n° 1833 du 06/12/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1833 du 06/12/2019

RÉUNION SYNDICALE

ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON  

L’assemblée générale du Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire s’est tenue fin novembre autour de son président, Olivier Lapôtre, qui pointe un manque de reconnaissance de la profession.

Lors de la dernière assemblée générale du Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire (SNISPV), le 22 novembre à Marseille (Bouches-du-Rhône), la communication avec l’administration centrale est apparue comme un enjeu majeur pour les acteurs de terrain. En témoigne la querelle au sujet de la rémunération des vétérinaires inspecteurs contractuels (de leur vrai nom, vétérinaires inspecteurs non titulaires, VINT). Ces derniers souffrent notamment d’une différence de rémunération avec les ISPV, une situation dénoncée de longue date par le syndicat, non sans conséquence sur l’attractivité des postes, plus particulièrement en abattoir. Fin décembre 2018, le service des ressources humaines du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation avait informé, par e-mail, les vétérinaires contractuels d’une hausse de leur salaire au moyen d’une revalorisation de 10 points du seuil indiciaire de recrutement1. Sauf que… « Le cadeau du ministre se traduit par la disparition de l’augmentation régulière de 30 points d’indice en 2019 et 2020. C’est un cadeau empoisonné », a martelé Olivier Lapôtre, président du SNISPV. En clair, l’attribution des 10 points a été accompagnée d’une remise à zéro en 2018 de l’ancienneté des contractuels, dont le salaire est normalement réévalué de 30 points tous les trois ans, à chaque changement d’échelon. La prochaine hausse n’aura donc lieu qu’au 1er janvier 2021. Conséquence directe : une perte de salaires pour certains.

Des points de tension

Jean-Pascal Fayolle, chef du service des ressources humaines du ministère de l’Agriculture, présent à l’assemblée générale, s’est vivement défendu d’une quelconque volonté de cacher cette information, prétextant un problème de compréhension. Dans ce contexte, il s’est engagé à reprendre les discussions avec le syndicat, même s’il souligne que les négociations risquent de se heurter aux contraintes budgétaires. Ce moment de tension n’a pas empêché les discussions de se poursuivre plus sereinement, avec Loïc Évain, directeur général de l’alimentation, qui a listé, point par point, les actions mises en œuvre par la DGAL pour faciliter le travail des services déconcentrés. « Un énorme travail a été fait, mais il reste encore beaucoup à accomplir », a-t-il reconnu, en évoquant la gestion des crises. Il a aussi mis en avant l’implication massive de la DGAL dans la réforme de l’organisation territoriale de l’État, notamment dans la constitution des secrétariats généraux pour les services déconcentrés2.Un point de tension pour les acteurs de terrain, comme l’a évoqué un agent de la direction départementale de la protection des populations (DDDP) : « Quelle efficience dans notre fonctionnement quotidien, mais aussi en cas de gestion de crise ?, a-t-il demandé. Dans de telles circonstances, il faudra sensibiliser ces secrétariats qui ne sont plus chez nous, à avoir une réactivité suffisante. » L’avenir nous le dira.

1 bit.ly/2rg7xT5.

2 bit.ly/34ZPjne.

UN MANQUE D’ÉCOUTE

Pour le président du Syndicat national des inspecteurs en santé publique vétérinaire, la fonction publique en général fait face à une baisse de la prise en compte de la parole des syndicats. « De notre côté, nous observons une dégradation de l’écoute de la part de l’administration centrale, explique ainsi Olivier Lapôtre, en marge de l’assemblée générale. Cela concerne davantage les services des ressources humaines que notre direction technique, la Direction générale de l’alimentation (DGAL), même si une évolution favorable semble engagée. » En clair, il y a un cadrage politique par Bercy en termes de rémunération, de promotion, de mobilité… Finalement, les vétérinaires de l’État sont-ils vraiment reconnus à leur juste valeur ? « Non, je crois que c’est particulièrement flagrant pour les vétérinaires contractuels. Pour les ISPV titulaires, je note une discordance importante dans les taux de promotion et les indices de fin de carrière entre le corps des ISPV et celui des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts (Ipef), alors que ces derniers ont suivi des études moins longues. » La charte de gestion du corps des ISPV, qui sera prochainement publiée, permettra-t-elle de changer la donne ? Pas vraiment, selon lui. « Elle est censée clarifier le parcours de carrière des ISPV. Elle ne pourra en rien modifier la différence des taux de promotion, car elle ne fait que traduire les règles et usages en cours. » Ce manque d’écoute ne risque-t-il pas d’être aggravé par la nouvelle organisation territoriale et la création des secrétariats généraux ? « Sur le terrain, le regroupement des services logistiques et de ressources humaines des différentes directions départementales au sein de la préfecture risque de réduire le temps disponible pour appuyer spécifiquement les services vétérinaires, craint Olivier Lapôtre. Imaginons par exemple en temps de crise, des voitures mutualisées entre différentes directions ou la gestion de commandes de seringues. » Il avertit : « Le risque est de ralentir la réponse aux demandes urgentes des vétérinaires ».
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr