Antibiorésistance : les vétérinaires donnés en exemple - La Semaine Vétérinaire n° 1833 du 06/12/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1833 du 06/12/2019

SURVEILLANCE

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

En matière de lutte contre l’antibiorésistance, les vétérinaires disposent, avec la collecte des données, d’un atout majeur qui a été mis en avant lors du colloque interministériel du 20 novembre consacré à ce sujet.

À l’occasion de la Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques et de la Journée européenne d’information sur les antibiotiques, un colloque interministériel a été organisé, le 20 novembre, à Paris, sur l’antibiorésistance. Il a permis de présenter l’approche des agences européennes, l’usage des données de surveillance disponibles en France et ce qui pouvait être entrepris face à ce phénomène. Cette édition a été consacrée à la surveillance des données d’usage des antibiotiques et des résistances bactériennes en santé humaine et en santé animale. Ces outils permettent aux différents acteurs de déployer des actions sur le terrain pour lutter contre l’antibiorésistance. Le secteur vétérinaire a été cité en exemple pour l’efficacité de la transmission des données entre les différents acteurs. Des perspectives d’évolution ont également été discutées pour que ces informations soient mieux utilisées.

Des outils efficaces

Le Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) et le suivi des ventes d’antibiotiques en médecine vétérinaire ont ainsi été présentés comme des actions concrètes qui permettent aux vétérinaires de faire évoluer leur pratique en matière d’antibiotiques. À côté de ces dispositifs, l’efficacité des plans ÉcoAntibio a aussi été mise en avant. En outre, les filières ont adopté des outils facilitant le suivi des usages au sein des élevages.

Pour les animaux de compagnie, Jean-François Rousselot, président de l’Afvac1, a souligné l’explosion des données bibliographiques sur les maladies infectieuses d’origine bactérienne en santé animale dès les années 1990. Il a ajouté que le Résapath est un moyen d’informations important pour le praticien. En particulier, « les résultats sur le suivi de ventes d’antibiotiques en médecine vétérinaire sont intéressants, car ils permettent de s’autoévaluer sur le plan individuel. » Nathalie Rousset, chef de projet biosécurité et utilisation des antibiotiques (Itavi-Acta2), a ainsi démontré l’utilité de ces informations dans les filières avicole, cunicole et piscicole. L’ensemble des acteurs de la filière (vétérinaires, éleveurs, techniciens, fabricants d’aliments) a pris des engagements écrits avec des objectifs spécifiques et partagés. Ceux-ci ont permis de sensibiliser les acteurs, dont les éleveurs, et d’élaborer des règles de prescription. Les échanges ont nourri la réflexion sur les outils à mettre en œuvre pour aller plus loin.

Comment faire plus ?

Christian Ducrot, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), s’est intéressé aux leviers à mobiliser pour obtenir de nouvelles données. Il propose l’enregistrement et le monitorage des consommations d’antibiotiques à l’échelle de la ferme. Il s’agit de cibler les actions sur les élevages les plus utilisateurs d’antibiotiques afin de leur faire prendre conscience de leur niveau d’usage. Il encourage également la mise en place d’un dispositif d’appui aux éleveurs reposant sur des conseils vétérinaires en matière de prévention des maladies et d’usage des antibiotiques.

1 Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie

2 Institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole-Association de coordination technique agricole.

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