Le plan d’action 2018-2023 sur le loup pourrait être amélioré - La Semaine Vétérinaire n° 1832 du 29/11/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1832 du 29/11/2019

FAUNE SAUVAGE

ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE  

Dans un contexte de fortes tensions entre éleveurs et associations de protection du loup, le CGAAER et le CGEDD ont remis leurs consignes pour faire évoluer le plan d’action 2018-2023 sur le loup et les activités d’élevage.

Onze recommandations pour améliorer la cohabitation loup-élevage en France ont été proposées par le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) et le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), dans un rapport publié en mai dernier et disponible depuis le 12 novembre1. Issues d’un travail de comparaison des méthodes de suivi et de gestion du loup dans différents pays européens (Allemagne, Espagne, Italie, Pologne, Suisse), demandé par les ministres en charge de l’agriculture et de l’écologie, elles doivent permettre de trouver un équilibre entre préservation de la biodiversité et protection des élevages dans un contexte critique.

20 % d’individus en plus en cinq ans

En effet, la population de loups est en pleine expansion dans notre pays (+ 20 % au cours des cinq dernières années) (encadré ci-contre). De plus, comme l’indique le rapport, les dommages causés à l’élevage par le loup sont en progression constante en France, mais aussi en Espagne, en Italie et en Allemagne. Or comme cette espèce est protégée en Europe (encadré ci-dessous), le tir de loups n’est autorisé qu’à titre dérogatoire, ce qui rend la cohabitation avec les éleveurs difficile dans tous les pays étudiés.

Des indemnisations conditionnées

Cependant, il semblerait que « la France détient de très loin les records du nombre de dommages (en valeur absolue ou rapportés au nombre de loups), du coût public de la protection et du montant des indemnisations de dommages ». Or, si « aucun système de protection n’est infaillible, tant le loup est capable de s’y adapter ou de le contourner », les dégâts peuvent être limités en mettant en place certaines mesures déjà appliquées chez nos voisins européens, indique le rapport. Avec des troupeaux de taille réduite, des contrôles des mesures de protection adoptées, une indemnisation publique des dommages conditionnée à la mise en place de ces dernières, il semblerait que les dommages et le coût public des indemnisations des éleveurs puissent être réduits. Le plan d’action 2018-20232 sur le loup et les activités d’élevage devrait donc évoluer en ce sens.

Une gestion de la population de loups plus volontariste

Dans le même temps, notre système de suivi biologique de l’espèce, bien qu’« intéressant pendant la phase de colonisation d’une zone donnée, pourrait être simplifié dans les zones de présence plus anciennes pour réduire son coût ». De même, une approche prospective devrait être conduite sur la future expansion du loup en France, afin de définir la gestion adaptative la plus conforme. Enfin, même s’il « faut avoir conscience que des dégâts subsisteront », les régions devraient s’impliquer davantage pour mieux adapter les mesures aux contextes locaux.

1 bit.ly/2D1AvZ6.

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QUELLE RÉGLEMENTATION EN FRANCE ET EN EUROPE ?

Le loup est strictement protégé en France par l’arrêté du 23 avril 2007 et, au niveau européen, il est inscrit à l’annexe IV de la directive européenne “habitats, faune, flore”, et à ce titre considéré comme « nécessitant une protection stricte ». Il est également inscrit à l’annexe II (“Espèce de faune strictement protégée”) de la convention de Berne, dont la France est partie.

UNE EXTENSION PROGRESSIVE

À la fin de l’été 2018, on dénombrait, en France, 85 zones de présence permanente (ZPP) du loup et 72 meutes (contre respectivement 74 et 57 à la fin de l’hiver 2017-2018). 960 communes sont désormais concernées, la moitié connaissant une présence régulière de l’espèce.

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