La physite septique chez le bovin en croissance : enjeux diagnostiques et thérapeutiques - La Semaine Vétérinaire n° 1832 du 29/11/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1832 du 29/11/2019

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE  

Les boiteries des bovins sont des affections assez fréquentes aux conséquences importantes, tant sur le plan du bien-être animal que par les pertes économiques qu’elles occasionnent. Parmi les étiologies possibles, les lésions articulaires ou juxta-articulaires ne concernent que 1 % des animaux et les plus fréquentes sont l’arthrite septique, l’ostéochondrose, la physite (septique ou aseptique) et les atteintes ostéoarticulaires d’origine traumatique. Or, la physite septique n’ayant été décrite que dans peu de publications dans l’espèce bovine, elle est de fait peu connue et probablement sous-diagnostiquée. C’est pourquoi le conférencier Vincent Herry a cherché à mettre en évidence les dernières recommandations en matière de diagnostic et de traitement de cette atteinte articulaire.

Une affection des bovins en croissance

La physite septique est une forme d’ostéomyélite (inflammation nécrotique et purulente sévère) qui touche majoritairement les plaques de croissance distales des bovins à forte croissance âgés de 6 à 24 mois. Dans 50 à 80 % des cas, la plaque de croissance (plaque épiphysaire, plaque de conjugaison ou physe), qui contribue à la croissance en longueur des os longs entre l’épiphyse et la diaphyse, est infectée par la bactérie Trueperella pyogenes. À l’examen clinique, généralement, seule une boiterie d’apparition soudaine est identifiable, par conséquent le recours à des examens complémentaires est indispensable pour établir un diagnostic de certitude.

Importance des examens complémentaires dans le diagnostic

À cet égard, l’utilisation d’un appareil radiographique numérique portable est la méthode de prédilection même si elle peut être compliquée à réaliser en pratique courante et qu’elle ne permet pas un diagnostic immédiat, car il existe un délai entre l’apparition de la boiterie et la détection de lésions radiographiques (5 à 10 jours). En cas d’atteinte, le praticien observera une plage radiotransparente centrée sur la plaque de croissance, des séquestres osseux radio-opaques au sein de la zone d’ostéolyse, une sclérose de l’os aux marges de la plage d’ostéolyse, une réaction périostée d’intensité variable lors de destruction corticale ou une tuméfaction des tissus mous à hauteur de la plaque de croissance lésée. Toutefois, si la radiographie n’est pas réalisable, l’échographie constitue alors une alternative diagnostique intéressante. Ainsi, avec des sondes linéaire (fréquence 5 à 10 MHz) ou convexe (3,5 à 5 MHz), les lésions d’ostéolyse peuvent être détectées plus précocement et une ponction échoguidée de la physe est alors réalisable. L’examen macroscopique, cytologique et éventuellement bactériologique du prélèvement permettra aussi de diagnostiquer ou, à l’inverse, de réfuter l’hypothèse d’une arthrite septique.

L’association d’un traitement médical et chirurgical

En matière de traitement, lors de suspicion ou de diagnostic de physite septique, une antibiothérapie initiale probabiliste, par voie intraveineuse (IV), systémique ou locale, de 3 à 5 jours, devra être mise en place. Ainsi, par exemple, les sulfamides potentialisés peuvent être efficaces compte tenu de leur bonne diffusion extracellulaire et de leur activité bactéricide. De plus, l’administration conjointe d’un anti-inflammatoire non stéroïdien pendant une courte durée, quoique controversée, apparaît globalement bénéfique pour le bien-être de l’animal. Cependant, dans le nombreux cas, l’antibiothérapie seule ne permet pas la guérison de ce dernier. C’est pourquoi, en l’absence d’amélioration clinique 2 à 3 jours après le début de l’antibiothérapie, un curetage chirurgical des débris nécrotico-suppurés couplé à une irrigation abondante de plaque de croissance assainie avec du soluté physiologique devra être réalisé. Le choix du prolongement de l’antibiothérapie postopératoire (implant à libération continue) devra alors être systématiquement discuté. Lors d’atteinte distale, l’immobilisation du membre est conseillée pendant 3 à 4 semaines pour limiter le risque de fracture de la plaque de croissance fragilisée par la lésion et le curetage. Le pronostic lors de physite septique traitée par la combinaison d’une antibiothérapie longue durée et d’un curetage chirurgical est alors très favorable.

Vincent Herry Vétérinaire, diplomate ECBHM. Article rédigé d’après une présentation faite lors des journées nationales des GTV, du 15 au 17 mai.

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