Avec la mise en place d’un système universel de retraite, êtes-vous inquiet pour votre retraite ? - La Semaine Vétérinaire n° 1832 du 29/11/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1832 du 29/11/2019

FORUM

@... VOUS !

Auteur(s) : FRANÇOIS POUZAUD 

LA PROFESSION DOIT CONSERVER SES RÉSERVES ET SON AUTONOMIE DE GESTION

J’ai 38 ans. La retraite, c’est encore loin et, d’ici là, il peut se passer beaucoup de choses. J’ai pris au vol et écouté à la radio un discours ministériel qui défend, bien sûr, la réforme du régime universel (RU) des retraites. Il était rassurant pour les indépendants, expliquant que le RU pourrait mieux les protéger si l’évolution de la démographie de leur profession n’évoluait pas dans le bon sens, en clair avec un rapport actif/retraité défavorable. Il est difficile de prévoir l’avenir, mais lorsque les prévisions de la profession montrent que les cotisations sous RU augmenteront de 20 % et que les pensions baisseront de 20 %, il y a de quoi être inquiet ! Je fais entièrement confiance à la Caisse autonome de retraite et de prévoyance des vétérinaires (CARPV) qui gère efficacement nos retraites au vu des réserves constituées pour équilibrer notre régime complémentaire. Il n’est pas acceptable que l’état se les approprie et il est indispensable que la gouvernance de notre régime reste entre les mains de la profession.

Amélie Pain

JE NE SUIS PAS INQUIET POUR MOI, MAIS POUR MES JEUNES ASSOCIÉS

Mon âge (59 ans) me protège du système de retraite universel puisque la réforme entrera en application à partir de la génération 1963, qui aura 62 ans en 2025. Personnellement, je ne suis pas trop inquiet, ayant toujours cotisé dans la tranche maximum et bénéficiant, de plus, d’une retraite complémentaire au titre de vétérinaire de la fonction publique ayant effectué des vacations au sein des abattoirs de France. En revanche, je le suis plus pour mes associés, trois consœurs et un confrère, tous âgés de 30 à 40 ans, et donc impactés par cette réforme. Leur retraite sera amoindrie par rapport à la mienne qui ne sera pas non plus fabuleuse. Cela me désolerait que les réserves constituées par l’effort de cotisation de mes confrères soient utilisées pour renflouer les régimes déficitaires, alors que nous participons déjà à la solidarité nationale. Si cette réforme passe, elle tuera les vocations des jeunes vétérinaires à s’installer en milieu rural, en exercice libéral mixte.

Henri Touboul

ON NE FERA PAS L’ÉCONOMIE D’UNE RÉFORME

Notre système de retraite de la CARPV, jusque-là équilibré, peut-il indéfiniment garantir les droits de ses affiliés ? Au-delà du risque de spoliation de nos réserves qui serviraient, dans le cadre du RU, à financer les régimes “cigales”, une autre inquiétude se profile, liée cette fois à la tendance des jeunes vétérinaires à se diriger de plus en plus vers le salariat. Travailler 60 heures par semaine n’est plus dans l’air du temps ! En cotisant à un régime de cadres, ils mettent en danger notre système de retraite libérale. Quoi qu’il en soit, celui-ci sera confronté à une indispensable réforme eu égard au déséquilibre qui s’amplifie entre vétérinaires salariés et libéraux et à l’évolution démographique. Je suis donc partagé face à une volonté réformiste et favorable aux propositions de Pro’action retraite. Cette association de professionnels libéraux plaide pour un système qui repose sur une architecture à trois paliers, conciliant un régime de base universel, un régime complémentaire obligatoire quelque peu modifié propre aux libéraux et un régime optionnel par capitalisation.

Éric Moret
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr