Pharmacosurveillance et épidémiologie grâce au big data - La Semaine Vétérinaire n° 1831 du 22/11/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1831 du 22/11/2019

ROYAUME-UNI

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : AMÉLIE MUGNIER  

SAVSNET ( Small Animal Veterinary Surveillance Network ) permet de réaliser des études épidémiologiques à l’échelle nationale sur la base des données des vétérinaires volontaires.

Àl’heure actuelle, il n’existe que peu de données à l’échelle populationnelle dans les espèces canines et félines. En effet, il n’y a pas d’institut réservé à ces espèces, comme c’est le cas pour les animaux de rente, par exemple. Les données relatives à la santé des carnivores domestiques ne sont donc pas centralisées, ce qui rend impossible la réalisation d’études épidémiologiques à grande échelle.

Un réseau fondé sur le volontariat

Au Royaume-Uni, le programme Small Animal Veterinary Surveillance Network (SAVSNET1) regroupe et analyse les données enregistrées par les laboratoires et les vétérinaires praticiens, comme l’a expliqué notre confrère David Singleton, qui fait partie de l’équipe de ce programme, à l’occasion de la journée scientifique organisée à l’École nationale vétérinaire de Toulouse, le 23 mai 2019. Les participants sont volontaires et n’ont aucun effort supplémentaire à fournir car SAVSNET extrait directement les données à partir des saisies réalisées sur leur propre logiciel de gestion. Les travaux réalisés permettent une surveillance nationale et sont valorisés par des publications scientifiques et des articles destinés au grand public. Pour être performante, l’équipe SAVSNET regroupe des experts de différents domaines : des épidémiologistes, des infectiologues, des cliniciens ou encore des data scientists.

La surveillance des tiques

SAVSNET a, par exemple, réalisé une analyse spatiotemporelle autour des enregistrements relatifs aux animaux infestés par des tiques présentés en clinique vétérinaire². Les résultats ont été rassemblés sur une carte de risque permettant aux professionnels de santé d’adapter leur discours : les propriétaires de carnivores domestiques peuvent savoir si les tiques sont fréquentes ou non dans leur zone géographique.

Lutte contre l’antibiorésistance

L’antibiorésistance étant un problème de santé publique majeur (il est estimé que 10 millions de personnes mourront chaque année à partir de 2050 à la suite d’une infection par une bactérie résistante3), les différents acteurs se doivent d’agir. Actuellement, il n’existe aucun enregistrement officiel des prescriptions d’antibiotiques réalisées par les vétérinaires chez les carnivores domestiques. L’un des objectifs de SAVSNET est de collecter des données sur ces prescriptions et sur l’antibiorésistance, afin de réaliser une étude approfondie sur le sujet. Les premiers résultats (données de 2014-2016)4 montrent une diminution significative du nombre de prescriptions d’antibiotiques en médecine des carnivores domestiques même s’ils restent à la troisième place des familles de produits pharmaceutiques les plus utilisés. Une partie non négligeable des antibiotiques prescrits appartient à la liste des antibiotiques d’importance critique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

1 Il existe un autre réseau dans le même pays : VetCompass. Voir La Semaine Vétérinaire n° 1704 du 27/1/2017, page 19.

² Tulloch J. S. P., McGinley L., Sánchez-Vizcaíno F. et coll. « The passive surveillance of ticks using companion animal electronic health records ». Epidemiol Infect. 2017;145(10):2020-2029.

3 O’Neill et coll. « The Review on Antimicrobial Resistance ».

4 Singleton D., Sánchez-Vizcaíno F., Dawson S. « Patterns of antimicrobial agent prescription in a sentinel population of canine and feline veterinary practices in the United Kingdom ». Vet. J. 2017;224:18-24.

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