Une journée pleine de promesses - La Semaine Vétérinaire n° 1827 du 25/10/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1827 du 25/10/2019

AGENCE NATIONALE DU MÉDICAMENT VÉTÉRINAIRE

ACTU

Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

La 2 e édition de la journée de l’ANMV a été rythmée par des échanges fructueux consacrés aux enjeux du secteur vétérinaire. Des propositions qu’il reste désormais à concrétiser, notamment à travers le comité de suivi des médicaments vétérinaires.

Préparation au Brexit, nouvelle réglementation européenne sur les spécialités vétérinaires, échanges sur des pistes de travail avec les parties prenantes, l’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) est à pied d’œuvre pour faire face aux principaux enjeux du secteur vétérinaire. Pour sa 2e édition, la journée de l’ANMV, organisée le 15 octobre, confirme le succès de 2017. C’est à Javené, près de Fougères (Ille-et-Vilaine), que des représentants de la profession, des industriels, des acteurs du monde de l’élevage et de l’Administration se sont retrouvés pour réfléchir aux solutions à apporter. Cette journée a été introduite par Caroline Semaille, directrice déléguée produits réglementés de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), et Jean-Pierre Orand, directeur de l’ANMV. La matinée a été consacrée à la présentation de plusieurs sujets d’actualités et l’après-midi a trois ateliers thématiques. Au-delà des discussions autour des préoccupations du moment, les acteurs du secteur vétérinaires ont aussi été invités à être force de proposition pour l’avenir.

Un comité à façonner

À quelques mois du début de la seconde mandature du comité de suivi des médicaments vétérinaires (CSMV) de l’ANMV, un atelier thématique a permis d’identifier des pistes sur lesquelles ses nouveaux membres pourront se pencher. Les idées des participants ne manquent. Il est proposé au comité d’élaborer des recommandations de bonnes pratiques d’emploi des médicaments vétérinaires et des fiches pratiques sur leur utilisation. Ses nouveaux membres pourraient aussi confronter leurs connaissances aux cas de pharmacovigilance (cas par espèce ou par molécule) sur la base d’une veille. Autre aspect important largement souligné lors de cet atelier : la nécessité pour le CSMV de travailler sur sa communication et sa visibilité pour favoriser les échanges avec les vétérinaires sur le terrain avec, par exemple, la mise en place d’un e-mail de contact pour faire remonter les sujets de réflexion ou encore l’amélioration des outils de recherche disponibles sur le site internet de l’agence. Il deviendrait aussi une caution scientifique face à des attentes sociétales qui se veulent toujours plus pressantes (concernant le bien-être animal, l’impact environnemental des médicaments vétérinaires, la sécurité sanitaire, etc.). Un travail de fond et de vulgarisation est nécessaire pour communiquer en particulier auprès des éleveurs et du grand public.

Des indicateurs plus adaptés

Dans le même registre, le thème de l’usage des antibiotiques a aussi inspiré les participants à cette journée. Jean-Pierre Orand a livré quelques-unes des suggestions. La nécessité de mettre en place des indicateurs plus adaptés apparaît essentielle. « Ce qui a été mis en évidence par les membres du groupe n’est pas la valeur absolue de l’indicateur, mais son évolution dans le temps », a-t-il souligné. Ils proposent des indicateurs faciles à calculer, tels que le pourcentage de l’eau traitée comme indicateur simple, et retiennent que le calcul de l’Animal level of exposure to antimicrobials (Alea) doit être précisé avec une attention particulière sur le poids des animaux. « Il faut travailler sur ce dénominateur afin d’obtenir des données plus affinées et plus exactes », a indiqué le directeur de l’ANMV. En outre, les participants ont recommandé de travailler sur l’interprétation des indicateurs à la lumière d’éléments périphériques, tels que l’évolution de la résistance et des pratiques liées à l’usage des antibiotiques. Autre point important : les difficultés de recueils des données. Pour les parties prenantes, il est indispensable de disposer d’outils informatiques adaptés. « Si l’on veut bénéficier d’indicateurs et de données exhaustives, il faut quelque chose de plus automatique possible », a ajouté Jean-Pierre Orand.

Un réseau pour la pharmacovigilance

La pharmacovigilance a également fait l’objet d’un atelier thématique. Les participants ont insisté sur la nécessité de mettre en place des enquêtes prospectives sur les nouvelles familles de molécules avec des réseaux de pharmacovigilance et une surveillance des produits frontières. Il ressort des discussions une demande de vulgarisation auprès de tous des modes de calcul de l’incidence et de l’imputation des effets indésirables. Par ailleurs, la mise en place d’un réseau de référents vétérinaires en pharmacovigilance faciliterait les déclarations. À l’image du réseau de référents "antibiotiques", ces intermédiaires formés seraient en contact plus étroit avec les experts de l’ANMV, les vétérinaires et les éleveurs. L’agence est aussi invitée à développer des systèmes de déclaration plus adaptés, afin que les éleveurs et les associations techniques procèdent à des déclarations ou à des remontées d’information. Enfin, il a été proposé d’améliorer la communication sur les travaux de l’agence afin de l’adapter à la cible vétérinaire, aux éleveurs et au grand public.

x Voir La Semaine Vétérinaire n° 1733 du 29/9/2017, pages 10 et 11.

UN BREXIT À ANTICIPER

La date de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) reste encore incertaine. L’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-ANMV) se mobilise afin d’anticiper les effets du Brexit sur le marché français des médicaments vétérinaires. Les enjeux sont de taille pour l’agence comme l’a rappelé Laetitia Le Letty, cheffe de l’unité enregistrement de l’agence. L’une des conséquences du Brexit est la redistribution de 660 procédures européennes du Royaume-Uni vers un État membre de l’UE. En 2018, la France note déjà une nette augmentation du nombre de ces transferts vers l’ANMV. Autre impact, l’agence veillera à la mise à jour des dossiers des autorisations de mise sur le marché (AMM) existantes. Au 7 octobre 2019, une centaine de médicaments vétérinaires étaient concernés par le Brexit. Afin d’éviter les ruptures, l’ANMV se charge d’identifier en amont les médicaments critiques. Elle a d’ailleurs contacté les titulaires des AMM concernées. En cas de non-conformité, ces AMM pourraient être suspendues, à l’exception des médicaments critiques. Laetitia Le Lelly indique que trois médicaments enregistrés en procédure centralisée risquent de subir une rupture de stock et deux médicaments sont considérés comme critiques.

UN RÈGLEMENT EUROPÉEN À APPLIQUER

L’heure est à la mise en œuvre du nouveau règlement européen sur les médicaments vétérinaires. Il s’agit là de l’un des sujets chauds de l’Agence nationale du médicament vétérinaire (Anses-AMNV). Sa directrice adjointe, Paule Carnat-Gautier, a fait un état des lieux sur l’avancement de ce dossier au niveau communautaire. La Commission européenne s’appuiera sur des avis scientifiques de l’Agence européenne des médicaments (EMA) pour élaborer des actes délégués et d’exécution. Certains d’entre eux sont actuellement en consultation publique : la collecte des données de vente et d’usage des antibiotiques ou encore les critères pour établir la liste des antibiotiques critiques. L’ANMV participe activement à ces travaux. La France devra encore adapter son droit interne à ces nouvelles dispositions. Paule Carnat-Gautier rappelle en effet que le règlement européen sur les médicaments vétérinaires est d’application immédiate. Les autorités françaises pourront supprimer certains textes, afin d’éviter les doublons ou adapter et créer des procédures nationales. Le Code de la santé publique et le Code rural de la pêche maritime seront ainsi “toilettés”.

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