Comment voyez-vous votre travail dans dix ans ? - La Semaine Vétérinaire n° 1826 du 18/10/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1826 du 18/10/2019

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@... VOUS !

Auteur(s) : CHANTAL BÉRAUD 

NOTRE FORMATION NE CONDUIT PAS QU’À UN SEUL MÉTIER

J’écris une thèse sur la sociologie de la profession. Pour prendre l’exemple de ma promotion, mes camarades veulent majoritairement devenir praticiens. Mais il y en a d’autres qui, comme moi, vont débuter dans des voies différentes. En 5e année vétérinaire, j’ai en effet suivi en parallèle une formation en école de commerce. J’ai accompli un stage en finance d’entreprise pour les secteurs de la santé animale et humaine, où j’ai pu mettre à profit mes connaissances scientifiques afin d’aider les entreprises à grandir et à innover. Je refuse qu’on me traite comme « une erreur de sélection au concours » ! Peut-être que, dans l’avenir, je retournerai vers l’exercice vétérinaire libéral, qui sait… Pour l’heure cependant, j’ai davantage envie de participer de manière active à l’économie de la France et de l’Europe. Notre formation nous permet en effet d’acquérir un vrai bagage intellectuel, ainsi qu’une capacité d’analyse valorisable dans de nombreuses branches. Je n’ai pas envie d’exercer au quotidien le même métier durant toute ma carrière. Pour l’instant donc, l’appel du business est le plus fort, avec – je l’espère – beaucoup de travail, et beaucoup d’adrénaline !

MATHILDE BOUISSY

SI JE M’ASSOCIE AUJOURD’HUI, QUEL SERA MON FUTUR ?

Comme de nombreux changements sont en cours, je trouve naturel d’essayer de se projeter dans l’avenir. Depuis un an, je travaille en tant que collaboratrice libérale dans une clinique, où j’envisage peut-être de m’associer. Mais il s’agit d’un engagement fort. Par conséquent, je me pose un tas de questions sur ce qui pourrait arriver, par exemple : que va-t-il advenir de la crise de l’élevage, du processus de désertification des milieux ruraux ? Si des collègues partent, est-ce que l’on trouvera des candidats pour les remplacer ? Je m’interroge aussi sur le devenir du système des retraites et sur les évolutions possibles du métier : sera-t-on obligé de faire de plus en plus de gardes et de kilomètres pour aller soigner une vache, notamment par manque de jeunes vétérinaires motivés pour travailler en rural ? Pour toutes ces raisons et d’autres encore, j’attends un peu de voir avant de prendre une décision… D’un autre côté, je suis aussi tout de même optimiste, notamment parce que je pense que notre profession est réactive et que, contrairement aux médecins, sa destinée ne se trouve pas entièrement aux mains de l’État.


FANNY GARCIA

LES CENTRES HOSPITALIERS VÉTÉRINAIRES VONT SE DÉVELOPPER

Je suis arrivé à Reims en 1994, dans une clinique de trois vétérinaires et de trois assistantes. Devenue centre hospitalier vétérinaire (CHV) en 2011, la structure emploie désormais plus de 40 personnes. D’ici dix ans, nous serons probablement le double ou le triple. Car la France manque d’équipement hospitalier comparativement à nos voisins anglo-saxons et nordiques. L’arrivée d’investisseurs n’est pas à craindre : au contraire, elle devrait permettre à notre profession de rattraper ce retard. À l’avenir, de grandes structures encore cliniques vont se transformer en CHV et des créations ex nihilo investiront les territoires où personne ne répond encore à la demande. Cette évolution correspond à une attente du public, qui souhaite une augmentation de la qualité des soins. Elle permettra aussi de répondre aux besoins de la profession dans son obligation de permanence et de continuité des soins. Les vétérinaires de proximité pourront davantage s’appuyer sur un réseau plus dense d’hôpitaux vétérinaires. Donc, logiquement dans dix ans, je me vois dans un CHV toujours plus grand.


YANNICK PERENNES
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