Un chien d’assistance judiciaire : une première en France - La Semaine Vétérinaire n° 1825 du 11/10/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1825 du 11/10/2019

INITIATIVE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : ANNE-CLAIRE GAGNON 

Un labrador a suivi une formation en partenariat avec l’instance américaine chargée d’éduquer les chiens d’assistance judiciaire aux États-Unis, où ils sont déjà bien implantés dans les institutions judiciaires.

Lol est le premier chien d’assistance judiciaire français, formé par Handi’chiens1. Il a pris ses fonctions le 14 mars dernier à Cahors. Sa formation a été possible grâce à la mise en contact, par Boris Albrecht, directeur de la Fondation Adrienne-et-Pierre-Sommer, entre Handi’chiens et Frédéric Almendros, procureur de la République auprès du tribunal de Cahors, et avec l’aide de l’association France Victimes.

Une synergie internationale

Handi’chiens a travaillé, pour cette nouvelle formation, avec la Fondation Mira et l’association Courthouse Dogs 2 , pionnière dans ce domaine, qui, depuis 16 ans, à Seattle, a contribué à former 250 chiens qui assistent les victimes dans leur parcours judiciaire aux États-Unis. Courthouse Dogs a établi un cahier des charges détaillé des étapes pour intégrer un tel chien au sein d’une juridiction, ainsi que des règles de protection du travail de l’animal. Celui-ci doit être « sous les ordres d’un référent membre de l’équipe professionnelle, être issu d’une éducation spécialisée (par une association spécialisée dans les chiens d’assistance) et être intégré pour optimiser le soutien émotionnel qu’il apporte à l’enfant sans compromettre l’enquête ou la procédure pénale. »

Une éducation sur mesure

Florian Auffret, éducateur d’Handi’chiens, précise que la sélection est essentielle pour un chien d’assistance judiciaire, qui doit combiner à la fois des qualités de sérénité et d’empathie importantes. Au cours de sa formation, il doit être en contact avec de nombreux enfants. Lol avait le profil parfait et a même bénéficié du rare privilège d’avoir été évalué par la fondatrice et la directrice de Courthouse Dogs.

Sa formation a été celle, classique, d’un chien d’assistance, auquel la commande “cool” a été rajoutée : Lol vient alors se coucher en mettant son dos contre la jambe de la victime. Le contact entre le chien et la victime qui a besoin de réconfort est essentiel. Lol est également encouragé à prendre des initiatives, et ses premières interventions ont montré qu’il remplissait parfaitement les missions espérées par le procureur Frédéric Almendros en étant « une aide psychologique, une peluche vivante permettant aux victimes de les apaiser et de les aider à libérer leur parole ».

Des missions clairement établies

Lol bénéficie d’une véritable description de poste, n’intervenant pas dans plus de 10 dossiers par mois. Il peut être sollicité par le procureur, un avocat, un gendarme, un membre du réseau France Victimes, pour intervenir dans le bureau du procureur, en salle d’audition de mineurs, et auprès de l’association elle-même, qui fait partie des signataires de la convention Cave Canem3 qui organise son travail. Ses deux référents au quotidien sont des pompiers, qui ont été, comme les officiers de police judiciaire, formés par Handi’chiens.

1 www.handichiens.org/handichien-dassistance-judiciaire.

2 www.courthousedogs.org.

3 Convention d’accompagnement des victimes et de l’enfance par le chien.


L’INITIATIVE D’UNE JURISTE EMPATHIQUE

L’initiative d’une juriste empathique
Ellen O’Neill-Stephens a été procureure à Seattle, aux États-Unis, pendant 26 ans avant de prendre sa retraite, très active, en 2011. Son fils est handicapé et bénéficie d’un chien d’assistance. Un jour où il ne pouvait pas se rendre à l’école, en 2003, elle emmène les deux avec elle au travail, dans son bureau de procureure. Ellen a tout de suite vu combien la présence d’un chien d’assistance pouvait aider les victimes, particulièrement les enfants, et a ainsi commencé à promouvoir et à concevoir le cahier des charges de la formation de chien d’assistance judiciaire, notamment avec Canine Companions for Indepence (à l’origine, voilà plus de 40 ans, des chiens d’assistance).
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