Traitement sélectif au tarissement : état des lieux - La Semaine Vétérinaire n° 1825 du 11/10/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1825 du 11/10/2019

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE  

Dans un contexte de réduction de l’utilisation des antibiotiques, les mammites ne font pas exception. Or, face à leurs répercussions économiques, les éleveurs ont encore souvent recours à une antibiothérapie systématique lors du tarissement. Pourtant, certains exemples de traitements ciblés sélectifs existent, avec des résultats prometteurs.

En effet, dans la majorité des troupeaux bien gérés, moins de 20 % des quartiers présentent réellement une infection au tarissement et les nouvelles solutions préventives affichent de bonnes performances1. Dans un objectif curatif, une antibiothérapie sélective devrait donc s’imposer.

Une antibiothérapie par excès

Les approches existantes varient en fonction des pays. Ainsi, en Finlande, selon une étude2, plus de 80 % des éleveurs réalisent, avant tout traitement, des examens bactériologiques3 par polymerase chain reaction (PCR), dont le critère de positivité (ct, seuil de 37) et la recherche de pathogène déterminent le choix de l’antibiotique. Cependant, comme le ctest très bas et que ce test est peu spécifique, une partie des vaches reçoivent une antibiothérapie par excès. Par ailleurs, au Pays-Bas, la sélection se faisant soit après avoir étudié l’historique des concentrations en cellules somatiques (CCS) sur la lactation en cours ou l’historique des cas de mammites cliniques, soit après avoir analysé la production laitière le jour du tarissement, comme seules les vaches qui présentent des CCS inférieures à 50 000 cellules/ml sont considérées comme saines, une proportion considérable de vaches saines reçoit alors aussi un antibiotique au tarissement.

Des démarches individuelles

Dans d’autres pays quelques éleveurs mettent en place des démarches individuelles. Ainsi, en France, la détection des vaches infectées peut être réalisée à l’aide d’une analyse quantitative et qualitative des CCS (analyseur [QScout Farm Lab]). Par ailleurs, un algorithme associant CCS et mesure d’une protéine inflammatoire dans le lait (protéine amyloïde A lactée) existe. Enfin, la présélection sur les CCS et la réalisation d’une culture bactérienne, méthode dont les résultats semblent plutôt performants5, devront encore être testées sur davantage d’animaux. Selon les résultats obtenus par le conférencier dans sa clientèle, l’association d’une méthode de présélection sur les CCS et d’une identification bactérienne directe (lait) optimise et justifie le recours à l’antibiothérapie. Les approches qui reposent uniquement sur l’analyse quantitative des CCS montrent des limites.

L’approche « la plus pertinente »

Le succès du traitement sélectif au tarissement dépend donc de la sensibilité et de la spécificité des procédures6. « Il est fondamental de limiter les expériences négatives des éleveurs en leur proposant une procédure encore non obligatoire », indique Olivier Salat. Une approche différentiée selon les élevages serait à privilégier, cependant, sur le terrain, « combiner une présélection des vaches sur les CCS, en adoptant une concentration critique assez élevée pour justifier au-delà un recours systématique aux antibiotiques avec une culture bactérienne reste l’approche la plus pertinente sans prendre trop de risques de ne pas détecter une vache infectée ». « Demeure la question du recours à l’antibiotique sur des vaches infectées par des staphylocoques à coagulase négative sans impact significatif sur les CCS », conclut notre confrère.

1 Halasa et coll., 2009.

2 Vilar et coll., 2018.

3 PCR multiplex (Pathoproof 16) incluant l’identification des principaux pathogènes majeurs, mineurs, Trueperella pyogenes, Mycoplasma spp. Prototheca et levures (Vakkanaki et coll.).

4 Scherpenzeel et coll., 2014.

5 Crosson, 2016.

6 Scherpenzeel et coll., 2016.

Olivier Salat Vétérinaire dans le Cantal. Article rédigé d’après une présentation faite lors des journées des GTV, du 15 au 17 mai.

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