De nouvelles preuves d’efficacité de l’autovaccination contre le lymphome B - La Semaine Vétérinaire n° 1825 du 11/10/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1825 du 11/10/2019

IMMUNOTHÉRAPIE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : TANIT HALFON  

Une nouvelle étude conforte le bénéfice d’Apa.vac®, un vaccin thérapeutique antitumoral, pour la survie des chiens atteints de lymphome B.

Une étude rétrospective1, publiée en juin dans le Journal for Immunotherapy of cancer, révèle un avantage de l’association chimiothérapie-autovaccin Apa.vac® (encadré) pour la survie des chiens atteints de lymphome B. Menée par le centre de cancérologie vétérinaire de Sasso Marconi (Italie), cette étude est la première à inclure un aussi grand nombre d’animaux, soit 300 chiens présentant des lymphomes B multicentriques de différents histotypes. Dans l’étude, la moitié des chiens avait reçu un protocole de chimiothérapie seule2 (C) et l’autre, l’association avec Apa.vac® (T). Résultat : des différences significatives, avec un intervalle médian avant récidive et un taux médian de survie spécifique au lymphome respectivement de 147 et 220 jours pour le groupe C contre 244 et 401 jours pour le groupe T. Ce protocole était particulièrement gagnant pour le lymphome B à grandes cellules, notamment pour les stades avancés (stade Va, taux élevé de lactates déshydrogénases [LDH], sans corticothérapie préalable) pour lesquels le taux de survie médian était jusqu’à 5,6 fois supérieur à celui du groupe C. En outre, aucun effet secondaire lié à l’autovaccin n’a été observé. Des résultats qui confirment, pour les auteurs, « l’efficacité et l’innocuité de ce traitement ».

Un retour de terrain positif, mais prudent

David Sayag, vétérinaire spécialiste en oncologie des animaux de compagnie, y a eu recours une dizaine de fois l’an passé3. « Mon standard d’utilisation concerne les lymphomes B de haut grade chez le chien, car seuls ces cancers ont fait l’objet d’un nombre suffisant de publications randomisées en double aveugle, souligne-t-il. Mais je peux le proposer aussi au cas par cas, pour des tumeurs potentiellement immunogènes, y compris chez le chat. Par exemple, lors de lymphome de haut grade d’immunophénotype B confirmé, dans un contexte familial rendant l’application de la chimiothérapie difficile, je peux avoir recours à une combinaison de L-asparaginase aux injections d’Apa.vac ® . » S’il a le sentiment, d’après son expérience, d’une meilleure durée de première rémission lors de lymphomes diffus à grandes cellules B de haut grade, il reste prudent : « Pour l’instant, il est trop tôt pour conclure sur la survie globale. » Une retenue qui vaut aussi pour l’étude : « Quand toutes les données viennent d’une même équipe, je pense qu’il faut rester prudent. D’ailleurs, lors de la présentation de leurs résultats, l’équipe était beaucoup plus modérée que les conclusions de l’article. » Il ajoute : « Sa limite principale est son caractère rétrospectif. Il est assez remarquable notamment que tous les chiens aient eu le même bilan d’extension, alors que l’on sait que c’est souvent variable. Je suis également surpris de la survie médiane de trois à cinq mois pour les chiens traités uniquement à la chimiothérapie, qui me semble faible par rapport à notre expérience quotidienne. »

Des questions sans réponse

Si l’étude montre un avantage pour la survie, il n’y a plus de différence à trois ans. « C’est peut-être lié à un biais », indique notre confrère. La start-up précise que d’autres études sont en cours afin d’évaluer l’effet sur la survie au long cours d’un nouveau cycle d’injections. De plus, « l’autovaccination souffre d’un manque de supports scientifiques fiables pour démontrer son mécanisme d’action. Des études précliniques seraient nécessaires mais coûteraient trop cher », souligne David Sayag. Il ajoute : « Il ne serait pas étonnant que l’activité du système immunitaire ne soit pas liée à la présentation des SHP. » Malgré tout, David Sayag convient : « Ce n’est pas un traitement miracle, mais il peut apporter un plus sans effets secondaires observés sur nos “patients” traités à ce jour. C’est pour cela que nous le proposons dans le standard de soin. Même si les données des études sont contestables, je considère qu’il y en a suffisamment pour affirmer aux propriétaires que ce traitement peut aider leur animal. » À suivre donc.

1 bit.ly/2IuLltA.

2 Protocole Chop.

3 Dans le cadre d’une étude scientifique, un partenariat a été établi avec la start-up, reposant sur l’octroi d’une réduction à l’achat des kits contre un accès aux données médicales, sans rémunération pour les vétérinaires prescripteurs.

LE PRINCIPE DE L’APA.VAC®

S

Commercialisé depuis 2013 par la start-up Urodelia en Europe, aux États-Unis et au japon, Apa.vac® fait partie de la famille des vaccins thérapeutiques antitumoraux. Le principe : associer un morceau de la tumeur à un adjuvant, ici, l’hydroxyapatite. Ce composé minéral, que l’on retrouve dans l’os, a la capacité de fixer les protéines de choc thermique (HSP pour Heat Shock Protein) issues de l’environnement tumoral, lesquelles sont associées à des antigènes tumoraux. Le protocole actuel de traitement1 consiste en une injection une fois par semaine pendant un mois, suivie d’une injection par mois pendant quatre mois. À ce jour, l’autovaccination thérapeutique en cancérologie ne fait l’objet d’aucune application en médecine humaine.

1 La préparation du vaccin se fait directement à la clinique (bit.ly/2pLnn6X).

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