Vivre le sanitaire - La Semaine Vétérinaire n° 1822 du 04/10/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1822 du 04/10/2019

Edito

Auteur(s) : TANIT HALFON 

La question du maillage vétérinaire rural est complexe. Ce qui est certain, c’est que la médecine des animaux de rente attire moins que celle de nos amis canidés et félins. Selon l’Atlas démographique de la profession vétérinaire 2018, le nombre de praticiens ayant une compétence pour animaux de rente n’est que de 37 %… contre un peu plus de 80 % pour les animaux de compagnie ! L’atlas révèle aussi que le vétérinaire rural s’installe plus volontiers dans les zones à forte densité d’élevage. Une recette explosive pour mener à des déserts vétérinaires. D’autres éléments nous éclairent : le nombre d’élevages diminue ; les soins aux animaux de rente et le chiffre d’affaires des praticiens ruraux baissent ; recruter un vétérinaire devient un casse-tête, partout. Dans ces conditions, l’obligation de permanence et la continuité des soins peuvent apparaître comme une contrainte financière difficile à surmonter…

Maintenir ce maillage est compliqué. Comment attirer les jeunes ? On tente les stages tutorés et des modalités de recrutement différentes. Comment pérenniser l’activité économique ? On propose la contractualisation.… Le vétérinaire est aussi invité à adapter ses pratiques. Répondant à une question de la députée de l’Aude sur la pérennité du modèle économique de la médecine vétérinaire dans les territoires ruraux du département1, le ministre de l’Agriculture a souligné que les besoins sanitaires avaient évolué au profit du « suivi des élevages », de « la gestion de la prévention » et du « renforcement du conseil ».

En clair, le vétérinaire rural doit évoluer. Oui, mais certaines zones sont d’ores et déjà sous tension, et des cabinets y maintiennent un équilibre précaire pour assurer le suivi sanitaire des élevages. Et donc, ne l’oublions pas, répondre aux enjeux de santé publique. Comme aux enjeux économiques de la France. Le Conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux le rappelait d’ailleurs en 20162 : « 14,4 milliards d’exportations annuelles d’animaux vivants, de denrées d’origine animale et de matériel génétique animal reposent sur le statut sanitaire de la France et sur la fiabilité de ses réseaux sanitaires. » Le vétérinaire n’est pas qu’un professionnel libéral. Si on ne peut nier une implication de l’État pour pérenniser le modèle économique vétérinaire, est-ce suffisant eu égard aux services rendus ? ●

1 bit.ly/2kQWJaO.

2 bit.ly/2m1hr7T.

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