BVD : une nouvelle prophylaxie est établie - La Semaine Vétérinaire n° 1820 du 20/09/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1820 du 20/09/2019

SURVEILLANCE

PRATIQUE MIXTE

L'ACTU

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE 

Le 31 juillet, les règles du nouveau programme de surveillance et de lutte contre la maladie des muqueuses ou diarrhée virale bovine (BVD) ont été définies dans un arrêté ministériel publié au Journal officiel .

Afin d’éradiquer la diarrhée virale bovine (BVD), de nouvelles mesures nationales de prévention, de surveillance et de lutte1 sont entrées en application le 2 août. Elles concernent la France métropolitaine à l’exception de la Corse, des départements et régions d’outre-mer et des collectivités d’outre-mer (Drom-COM). Ce nouveau programme sera mis en place de façon progressive par l’organisme à vocation sanitaire (OVS) de chaque région2, soit généralement le groupement de défense sanitaire (GDS), qui aura aussi la responsabilité de la délivrance des appellations. Les frais engendrés seront, quant à eux, à la charge des éleveurs.

Vers une éradication ?

Jusqu’à présent ces derniers luttaient contre la maladie de façon individuelle. Or, cela n’a pas permis de diminuer la proportion d’élevages nouvellement infectés, qui reste encore importante en France actuellement. D’où la décision de mettre en place une prophylaxie obligatoire afin d’éradiquer cette maladie qui cause de fortes pertes dans les exploitations (maladies néonatales, troubles de la reproduction, etc.). Certains pays européens sont d’ailleurs déjà assainis (Suisse, Autriche, Écosse, Allemagne, Belgique, etc.) ou en cours d’assainissement (Italie, Royaume-Uni ou Pays-Bas).

Un statut à définir

C’est dans ce contexte épidémiologique que le statut de tous les troupeaux français de bovinés3 vis-à-vis de la maladie sera établi par des analyses réalisées par le vétérinaire sanitaire habilité. Chaque région pourra néanmoins choisir la modalité de dépistage des infectés permanents immunotolérants (IPI) qu’il préfère : systématique à la naissance (recherche directe du virus BVD) ou, au minimum de façon semestrielle, par sérologie sur le lait de tank ou, annuellement, par analyses d’un sérum de mélange issu d’un échantillon représentatif de bovins non marqués sérologiquement et présents dans l’élevage depuis au moins 3 mois. Ces analyses devront être effectuées dans des laboratoires agréés et le vétérinaire aura ainsi accès systématiquement aux résultats. En outre, si le troupeau est considéré suspect, ces dernières devront obligatoirement être complétées (sous 4 mois) par une recherche des IPI via une enquête épidémiologique (analyse de risque) sur les animaux considérés à risque d’infection.

Des mesures strictes

Dans le cas où les dépistages mettent en évidence une circulation virale ou la présence d’au moins un animal reconnu IPI ou infecté, le troupeau obtient le statut “infecté de BVD”. Son assainissement passe alors par une élimination des IPI à l’aide d’un dépistage via la recherche directe du virus BVD, dans le mois suivant, sur l’ensemble des animaux du troupeau et, dans les 12 mois suivant l’élimination du dernier porteur de virus, sur tous les animaux naissant. Les animaux reconnus IPI doivent alors être éliminés dans un délai de 15 jours par envoi vers un abattoir ou vers un site d’équarrissage (après euthanasie).

Tant que l’ensemble des animaux n’a pas présenté un résultat négatif à une recherche directe du virus et que le dernier animal porteur de virus n’a pas été éliminé dudit troupeau, la sortie des animaux vers un autre élevage n’est pas autorisée. À l’issue de cette période et pendant un délai supplémentaire de 1 mois, les animaux pourront être vendus en élevage à condition de présenter un dépistage favorable dans les 15 jours précédant leur sortie.

Les cas particuliers

Il existe enfin certains cas particuliers. Ainsi, sur un troupeau infecté, sur les troupeaux en lien épidémiologique avec ce dernier ou sur ceux situés dans une zone de circulation virale, des mesures complémentaires de vaccination peuvent être mises en œuvre suivant les résultats d’une analyse de risque. Par ailleurs, une dérogation à l’obligation de dépistage existe pour les troupeaux d’engraissement entretenus dans des bâtiments affectés à cet usage (troupeaux dont les animaux sont destinés uniquement à la boucherie). Même si certaines des mesures de ce programme étaient déjà en place dans quelques régions, ses modalités d’application devraient être précisées dans un cahier des charges qui doit paraître prochainement.

1 JORF n° 0177 du 1/8/2019, arrêté du 31/7/2019 : bit.ly/2lupTfX.

2 bit.ly/2lt9Crw.

3 Bos taurus, Bos indicus, Bison bison, Bison bonasus et Bubalus bubalus ou les animaux issus de leurs croisements.

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