Gestion de la cryptosporidiose des bovins : mesures de biosécurité - La Semaine Vétérinaire n° 1818 du 06/09/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1818 du 06/09/2019

CONFÉRENCE

PRATIQUE MIXTE

Formation

Auteur(s) : CLOTHILDE BARDE 

La cryptosporidiose est une protozoose des veaux nouveau-nés, dont l’agent principal est Cryptosporidium parvum et qui est à l’origine de fortes diarrhées entre 5 et 21 jours d’âge. Or, des études épidémiologiques récentes témoignent de sa forte prévalence dans les élevages laitiers français (41,5 % d’entre eux). La mise en place de mesures de biosécurité en nurserie laitière dans l’élevage est d’autant plus importante que cette parasitose est difficile à maîtriser.

Un cycle oro-fécal

Parmi toutes les espèces de cryptosporidies, seul le C. parvum, parasite de l’iléon qui infecte les veaux de 5 à 21 jours, présente un vrai pouvoir pathogène. La contamination des veaux se fait par voie orofécale : de façon directe (fèces) ou indirecte (environnement). Par conséquent, l’isolement des veaux malades est la première mesure à prendre.

Une transmission rapide et épizootique

Par ailleurs, le cycle de C. parvum est homoxène direct (multiplication asexuée et reproduction sexuée), conduisant à une infection directe des cellules intestinales une fois les parasites libérés dans la lumière intestinale. De plus, les ookystes à paroi épaisse excrétés dans le milieu extérieur renferment des sporozoïtes directement infectants pour l’hôte dès leur émission. La charge infectante est très faible, quelques dizaines d’ookystes suffisent pour contaminer un veau. Dans les conditions naturelles, cette dernière est généralement forte (plusieurs milliards), ce qui assure une forte exposition des veaux nouveau-nés. La maladie se transmet donc très rapidement entre veaux, avec une allure épizootique si un isolement des animaux malades, des mesures visant à limiter la présence d’individus sensibles et une marche en avant ne sont pas bien suivis.

Une élimination difficile

Les ookystes de C. parvum sont très résistants dans le milieu extérieur en l’absence de températures extrêmes ou de dessiccation et ils peuvent se multiplier à l’extérieur de toute cellule dans des biofilms. En outre, la plupart des désinfectants couramment utilisés en élevage ne sont pas actifs contre ces derniers. Par conséquent, un protocole de nettoyage et de désinfection rigoureux des cases à veaux, mais aussi du matériel avec des produits actifs sur les ookystes de cryptosporidies (chlorocrésol, amines) est un des points clés pour diminuer la pression d’infection. Le séchage des cases à veaux et du matériel après désinfection, ainsi qu’un vide sanitaire suffisamment long seront capitaux pour optimiser l’assainissement.

Un soutien immunitaire nécessaire

Par ailleurs, même si à la suite d’une primo-infection, une immunité forte et durable de type cellulaire s’installe rapidement, le transfert d’immunité passive via le colostrum ne confère pas aux veaux une protection efficace envers C. parvum. De plus, le microbiote digestif conditionnerait aussi la réceptivité et la sensibilité de l’hôte à l’infection. Par conséquent, l’ensemble des mesures visant à favoriser le développement de l’immunité non spécifique, ainsi que celui du microbiote digestif du nouveau-né constitue aussi un axe de maîtrise essentiel de la cryptosporidiose.

Un arsenal thérapeutique limité

Enfin, en France, seul un traitement, l’halofuginone, dispose d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) et son efficacité est partielle. Comme le rappelle un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), l’utilisation de la paromomycine dans le traitement de la cryptosporidiose ne peut se faire qu’après une déclaration de pharmacovigilance de non-efficacité de l’halofuginone à la dose de 100 mg/kg/j pendant 11 jours dès le premier jour de vie. Son utilisation doit être raisonnée en matière d’antibiorésistance et des mesures hygiéniques associées seront indissociables des traitements thérapeutiques.

Retrouvez les références bibliographiques

de cet article sur bit.ly/2Zt5Di1.

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Nicolas Masset et Christophe Chartier Oniris. Article rédigé d’après une présentation faite lors des journées nationales des groupements techniques vétérinaires à Nantes (Loire-Atlantique), du 15 au 17 mai 2019.

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