Avez-vous été confronté au scepticisme lié à la vaccination ? - La Semaine Vétérinaire n° 1815 du 28/06/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1815 du 28/06/2019

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Auteur(s) : MICHAELLA IGOHO-MORADEL  

CE SCEPTICISME N’EST PAS LA NORME

J’ai été confronté au scepticisme lié à la vaccination de façon très ponctuelle. Certains clients s’interrogent, par exemple, sur la nécessité de vacciner les animaux âgés. C’est l’occasion de leur rappeler que bien que l’animal ait eu une protection vaccinale efficace tout au long de sa vie, le fait de prendre de l’âge réduit la performance de son système immunitaire. Dans ce cas, la vaccination a encore un intérêt. Autre exemple, une éducatrice m’a fait part de sa méfiance face à la vaccination. Elle m’a indiqué ne plus faire vacciner ses animaux et leur donnait à la place des préparations « faites maison ». En clientèle, ce scepticisme n’est pas la norme. Les protocoles vaccinaux tendent à évoluer. Certains vaccins peuvent désormais être faits tous les deux ans voire tous les trois ans. Cela permet d’alléger le protocole vaccinal ainsi que son coût. Cette méthode est favorable au maintien d’une vaccination régulière. Par ailleurs, certains animaux de compagnie ont une durée d’existence proportionnellement assez courte par rapport à un être humain. Nous encouragerons la programmation d’une visite annuelle afin de faire le point sur l’état de santé de l’animal, intervalle qui est proportionnellement adapté à l’espérance de vie des animaux domestiques par rapport à celle d’un être humain.

Eric Waysbort

LE DISCOURS DU VÉTÉRINAIRE EST ENTENDU

Certains clients nous interrogent sur l’efficacité des vaccins car c’est un sujet d’actualité. Ils se demandent si, dans certains cas, la vaccination est indispensable. Nous les rassurons sur ce point. Nous proposons à nos clients un protocole annuel sur les rappels vaccinaux, notamment pour faire un bilan de santé annuel de l’animal par la même occasion. Nous expliquons sa nécessité pour préserver la santé de leur animal. Parfois, nous proposons des protocoles vaccinaux adaptés au mode de vie de l’animal (par exemple : leucose, que je ne propose pas forcément à des chats d’intérieur ; piroplasmose et lyme, qui ne sont pas réalisés systématiquement ; chlamydiose, proposé seulement si le chat vit en communauté ou en cas de reproduction ; rage, proposé en cas de voyage, de pension ou pour rassurer le propriétaire, etc.). Généralement, je recommande CHPPiL (L-multi ou L4) pour les chiens et CRP(L) pour les chats en première intention. Dans certaines situations, nous procédons au cas par cas. Par ailleurs, nous les informons du contenu de la réglementation, notamment lorsqu’ils souhaitent se rendre à l’étranger. Enfin, je retiens que le discours du vétérinaire sur la nécessité vaccinale est encore entendu et surtout crédible.


Emeline POIRIER

CETTE TENDANCE EST TOMBÉE DANS L’OUBLI

Au quotidien, je n’ai pas du tout l’impression que cette question ait contaminé le secteur de la santé animale. Je constate même que le scepticisme autour de la vaccination tend à diminuer voire est très rare. Après les débats autour des fibrosarcomes et du vaccin leucose, cette tendance est tombée dans l’oubli. Je remarque que de plus en plus de propriétaires sont favorables à la vaccination, même pour les chats d’intérieur. Les propriétaires médicalisent en effet de plus en plus leurs chats. Je constate, par exemple, qu’ils sont favorables à un protocole vaccinal plus réduit dans le temps, passant ainsi d’une vaccination rage tous les ans à tous les trois ans. Actuellement, les protocoles tendent à espacer les rappels, nous pouvons donc montrer aux propriétaires notre sensibilité quant à la “sur-vaccination”, et conserver leur confiance. Cette évolution a été possible, notamment, grâce à l’implication des vétérinaires qui ont pris la parole. Nous avons été transparents sur le sujet de la vaccination. Dans mon quotidien, je constate que le discours du scientifique n’a pas perdu de sa pertinence. En revanche, la tendance est tout autre en santé humaine. Les médecins sont de plus en plus confrontés à un discours anti-vaccins.



Céline HOURCQ
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