Traitement des infections du tractus urinaire : les recommandations des experts internationaux - La Semaine Vétérinaire n° 1814 du 21/06/2019
La Semaine Vétérinaire n° 1814 du 21/06/2019

UROLOGIE

PRATIQUE CANINE

L'ACTU

Auteur(s) : TAREK BOUZOURAA 

La prescription raisonnée d’antibiotiques constitue le principal enjeu pour le praticien lors d’atteinte de l’appareil urinaire. Elle peut être empirique lors d’un premier épisode simple.

L’International Society for Companion Animal Infectious Diseases donne ses recommandations1 pour la prise en charge des infections du tractus urinaire chez les animaux de compagnie. Ces dernières sont très fréquentes chez le chien et d’incidence non-négligeable chez le chat. Elles constituent l’une des principales causes d’antibiothérapie pouvant aboutir à un échec thérapeutique (infection persistante ou récidivante, voire développement d’antibiorésistance), peuvent soulever une difficulté économique (coût des traitements prolongés et renouvelés) et réglementaire (nécessité accrue de recourir aux familles d’antibiotiques dit critiques), voire constituer un risque en santé publique (genèse de germes multirésistants pouvant contaminer un propriétaire immunodéprimé).

Une antibiothérapie probabiliste possible lors d’épisode non-compliqué

Lors d’un premier épisode isolé d’atteinte du bas appareil urinaire (c’est-à-dire sans autre affection et dans un contexte épidémioclinique “vierge”) et en l’absence d’azotémie, un anti-inflammatoire non-stéroïdien peut être prescrit seul dans l’attente des résultats d’analyse bactériologique, afin de prendre en charge les signes (strangurie, pollakiurie, hématurie). D’autre part, l’initiation d’une antibiothérapie probabiliste encadrée par les contraintes réglementaires est possible même sans recourir à une culture urinaire. L’amoxicilline (seule ou avec l’acide clavulanique) ou l’association triméthoprime-sulfamides peuvent être prescrits durant trois à quatre jours. La réalisation d’une culture bactériologique après la fin du traitement ne semble pas nécessaire lors d’épisodes simples. Si un germe urinaire identifié présente une résistance in vitro apparente à l’antibiotique prescrit dans l’attente du retour d’analyse mais que les signes cliniques sont résolus avec l’antibiothérapie prescrite, il convient de poursuivre le traitement de manière inchangée. Le consensus indique par ailleurs qu’une bactériurie asymptomatique ne doit pas nécessairement faire l’objet d’une antibiothérapie.

L’apport des soins “adjuvants” n’est pas prouvé

L’instillation intravésicale d’antibiotiques, d’anti-inflammatoire, de D-mannose ou de méthénamine, l’emploi d’agents biocides ou biothérapeutiques (E. coli 2-12) et de probiotiques visant à modifier la flore génito-urinaire sont contre-indiqués. L’activité de la canneberge n’a pas fait l’objet d’assez d’études pour pouvoir apporter des conclusions claires au sujet de son emploi tant pour la prévention que pour le traitement d’une infection urinaire isolée ou compliquée.

La présomption de pyélonéphrite doit motiver une recherche de causes prédisposantes

Les recommandations consensuelles indiquent qu’une infection leptospirosique peut entraîner une pyélonéphrite, voire prédisposer à la colonisation du tissu rénal, le plus fréquemment par des Enterobacteriaceae de la flore fécale. Lors de suspicion de pyélonéphrite, un facteur prédisposant doit être recherché (infection par le virus de la leucose féline [FeLV] ou le virus d’immunodéficience féline [FIV], urolithe, malformation congénitale voire masse urogénitale). Le traitement d’une pyélonéphrite n’est pas nécessairement très long lorsque l’affection causale peut être corrigée. Une antibiothérapie de 10 à 14 jours est proposée. Si les résultats de culture bactériologique l’indiquent, une céphalosporine, voire une fluoroquinolone, peuvent être employées en respectant toujours le cadre réglementaire de prescription.

1 Weese J. S., Blondeau J., Boothe D. et coll. International Society for Companion Animal Infectious Diseases (ISCAID) guidelines for the diagnosis and management of bacterial urinary tract infections in dogs and cats. Vet J. 2019:247:8-25.

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